jeudi 20 mars 2008
40 - Photos-souvenirs de Warloy-Baillon
mercredi 19 mars 2008
mercredi 12 mars 2008
38 - Présence à Warloy-Baillon
Il erre dans le "chemin d'Harponville", aux abords de Warloy-Baillon... Il ne sait plus quand il est né. Au-dessus de lui, l'azur, les nuages, des trous immenses de clarté et d'ombre dans le ciel. En bas, le sol, la poussière, le bruit de ses propres pas dans les herbes sèches. Dans sa tête, des mirages, une idée vague de bonheur. Une flamme aussi. Un joyau mal défini. L'amour ? Le vent, peut-être... L'effet des éléments sur son âme insatisfaite, fébrile.
L'amour, peut-être l'amour... Ou l'appel de la poésie. L'horizon, l'avenir, la mort. Comment savoir ? Il marche, ivre, le coeur tourmenté, la tête pleine de rêves étranges et suprêmes.
A présent il presse le pas, hanté par ses feux. Et de plus en plus résolu, se dirige vers les brumes dans le lointain. Le vent autour de lui est comme un silence grandiose, une caresse descendue de ces hauteurs radieuses dont il a l'intuition. Perdu dans sa mélancolie, il ne sent pas la fatigue. Des ailes l'emportent, son regard doux et effaré plonge dans d'invisibles profondeurs. Il vole plus qu'il ne marche, insensible aux lourdeurs de la pesanteur.
Une lumière l'attend.
Lui aussi attend la lumière. Depuis toujours, depuis un instant, il ne sait plus. Il a tout oublié, sauf le goût de l'infini, la saveur de l'éther, l'appel de l'esprit, l'éclat de la beauté, la vérité de la poésie. Tout s'embrouille en lui, tout s'éclaire aussi. Il chemine, se hâte, monte, trébuche, se relève, reprend sa course folle. L'horizon s'efface, la lumière s'amplifie. L'image se précise.
Il est mort, il est vivant, il est ici, il est là-bas, il est le ciel, les nuages, l'herbe, le vent, la poussière. Il se souvient maintenant. Devenu lumière lui-même, il irradie.
Il est mort, enseveli depuis un siècle, vivant depuis mille ans, tombé en marchant, mort de douleur, rendu à la poussière, mort en solitaire avec un secret d'amour dans le coeur, un secret inachevé qu'il poursuit sans cesse depuis un siècle, depuis mille ans.
Raphaël Zacharie de Izarra
L'amour, peut-être l'amour... Ou l'appel de la poésie. L'horizon, l'avenir, la mort. Comment savoir ? Il marche, ivre, le coeur tourmenté, la tête pleine de rêves étranges et suprêmes.
A présent il presse le pas, hanté par ses feux. Et de plus en plus résolu, se dirige vers les brumes dans le lointain. Le vent autour de lui est comme un silence grandiose, une caresse descendue de ces hauteurs radieuses dont il a l'intuition. Perdu dans sa mélancolie, il ne sent pas la fatigue. Des ailes l'emportent, son regard doux et effaré plonge dans d'invisibles profondeurs. Il vole plus qu'il ne marche, insensible aux lourdeurs de la pesanteur.
Une lumière l'attend.
Lui aussi attend la lumière. Depuis toujours, depuis un instant, il ne sait plus. Il a tout oublié, sauf le goût de l'infini, la saveur de l'éther, l'appel de l'esprit, l'éclat de la beauté, la vérité de la poésie. Tout s'embrouille en lui, tout s'éclaire aussi. Il chemine, se hâte, monte, trébuche, se relève, reprend sa course folle. L'horizon s'efface, la lumière s'amplifie. L'image se précise.
Il est mort, il est vivant, il est ici, il est là-bas, il est le ciel, les nuages, l'herbe, le vent, la poussière. Il se souvient maintenant. Devenu lumière lui-même, il irradie.
Il est mort, enseveli depuis un siècle, vivant depuis mille ans, tombé en marchant, mort de douleur, rendu à la poussière, mort en solitaire avec un secret d'amour dans le coeur, un secret inachevé qu'il poursuit sans cesse depuis un siècle, depuis mille ans.
Raphaël Zacharie de Izarra
mardi 11 mars 2008
37 - Châtier les laides
Un jour un interlocuteur de belle espèce me fit remarquer qu'un esthète digne de ce nom ne devait jamais s'abaisser à souffleter une femme, si sotte qu'elle fût, même originaire de Warloy-Baillon...
Certes. J'ajouterais que les femelles beautés, même les très méchantes, ont tous les droits et qu'en aucune façon ces créatures vénéneuses ne méritent de recevoir à la face le gant d'un sybarite, si haut perché sur son pommeau qu'il soit. Je ne conteste pas un instant cette remarquable vérité.
Mais les laides, les filles de l'ombre, les non élues vouées à la déchéance esthétique, les femmes enfin qui n'ont pas eu l'heur de naître sous l'aile de Vénus, ont-elles donc aux yeux du bel esprit quelque prix ? Je ne pense pas. Les laides femmes ne sont-elles pas méchantes par définition ? Une femme laide ne peut être bonne. Et quand même elle serait bonne, comment sans beauté aucune pourrait-elle se faire aimer d'un homme de rang ?
Et si la beauté qui s'allie à la corruption a encore quelque douceur, quelque éclat sous nos regards pleins de raffinement et d'indulgence, en revanche la laideur associée à la scélératesse ne mérite-elle pas notre plus profond mépris ainsi que les châtiments les plus sévères du simple fait que chez ces enfants de vipères nés de la fange rien ne pourra jamais nous séduire, nous les beaux sangs ?
Je ne puis me résoudre à accorder à la laideur le moindre des droits octroyés aux descendantes d'Aphrodite. Ce serait faire offense au goût que de ne pas gifler le visage ingrat de celle qui voudrait usurper à la beauté sa couronne. Non, les laiderons ne méritent pas notre pardon. Leur existence-même en ce monde formant une permanente injure à la beauté, aucune pitié ne doit amoindrir leur douleur d'être ce qu'elles sont.
Les belles femmes, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, stupides ou brillantes pourront toujours arguer de cette cause supérieure qui les caractérise, la beauté, pour se faire pardonner leurs défauts. Ce qui ne sera jamais le cas des laides.
Cet ultime argument qui ne fait qu'exacerber leur disgrâce légitime définitivement les soufflets qu'avec morgue et cruauté nous leur destinons.
Raphaël Zacharie de Izarra
36 - La tendresse
La tendresse, ce ne sont pas ces niaiseries si souvent évoquées.
La tendresse, la vraie, la mâle, virile, mûre tendresse, c'est la gifle hautaine du sybarite contre la joue de la gueuse sur qui dans un magnifique élan de charité mêlée de pitié il daigne se pencher, loin des us mièvres qu'adoptent les âmes amollies.
La gifle du dandy réveille l'indigente qui la reçoit, elle sonne comme l'airain dans l'air frais du matin, claque comme un drapeau après la bataille, vivifie le sang, cingle le coeur léthargique. C'est un grand honneur pour une femelle que d'être méprisée avec tendresse par un seigneur. C'est une grande élévation pour le seigneur que de condescendre à abaisser le regard sur la misère (l'état de féminilité étant en lui-même une misère, une déchéance naturelle), de la rudoyer pour mieux s'en repaître quand, ainsi malmenée, elle prend conscience de sa petitesse, pitoyable.
Le maître, lorsque l'objet de ses attentions se fait soudain vermine, étend sa main magnanime jusqu'à la joue déchue et frappe, anéantissant d'un seul revers de la main toute prétention à la fierté, à l'amour propre, qui seraient une offense au principe-même de tendresse.
Car la vraie tendresse c'est le renoncement de l'être faible face à son seigneur et maître, la totale soumission à sa cause. La tendresse, c'est l'abandon sans artifice de celle qui s'y adonne. Abandon de la déshéritée à son mâle souverain.
Raphaël Zacharie de Izarra
(Cliquez sur le bouton "PLAY" de la vidéo)
Vidéo : "L'esthète et la béotienne"
dimanche 9 mars 2008
35 - Vue d'esthète
Par un dimanche triste, pluvieux, je suis entré dans l'église d'un village perdu du fin fond de la campagne picarde afin d’assister à la messe. L’église était pleine de bonnes gens du pays : casquettes rondes et tailleurs démodés de rigueur. Ca sentait la cire, la vieille province et le désuet.
J’observais avec attention cette société de dévots endimanchés. Chose étonnante, parmi cette assistance grisonnante il y avait quelques jeunes filles à la mise moderne, colorée. Elles n’avaient pas vingt ans. Certaines étaient laides, d’autres charmantes. Je scrutais discrètement ces enfants de choeur en fleur. D’abord les rosières sans grâce, puis les jolies oies blanches. Sur ces dernières je m’attardais charitablement.
Le contraste était saisissant entre ces dos courbés, ces nuques ridées, ces faces rougeaudes d’hommes et de femmes de la terre picarde, et ces créatures juvéniles aux mines délicates, aux galbes olympiens, aux gorges parisiennes. Je me perdais dans la contemplation de ces chairs esthétiques, de ces traits aériens, de ces toilettes recherchées...
Les ouailles entonnèrent un chant, guidées par un orgue solennel. L’instrument en question, mi-orgue, mi-harmonium pour être honnête, semblait issu d’un XIXème siècle des plus rustiques. Les premières notes s’élevèrent... Le pire était à redouter.
Le chant n’était point grossier.
Surpris, je l’écoutai avec une sincère attention. L’on aurait pu s’attendre à quelque pesante, grasse, champêtre interprétation... La chorale était d’une étonnante qualité. Et le choix de l'œuvre, d'un goût sûr.
Tout à l'écoute du chant de messe, je ne quittais pas des yeux les gracieuses pucelles, leur prêtant une attention grandissante au fur et à mesure que s’élevait le choeur. En esthète averti j’associais les émois, combinais les ravissements, mêlais les ivresses : j’étais enchanté par la vue de ces demoiselles parées de la Grâce, et dans le même temps transporté par l'hymne. Aux anges, corps et âme. Mon regard obliquait parfois vers la voûte aux peintures naïves, puis revenait vers ces vestales rurales propres à inspirer d’authentiques vocations parnassiennes.
Cette fois le chant qui résonnait sous la voûte à la fresque écaillée était de toute beauté.
C’était inattendu d’entendre ça dans cette église du fin fond de la Somme, déconcertant de s'apercevoir qu'un tel joyau pût naître de ces gorges agrestes, insolite de découvrir tant d'art chez ces éleveurs de bétail. Etonnant mais indéniable : le chant était splendide. Moment de grâce dans une semaine d’étables, de bistrots miteux et de cours de fermes aux odeurs de fumier.
Pris sous le pieux sortilège des choristes, j'accédais à une autre dimension du monde, biblique. Tout était magnifié à travers le prisme de mon regard. Mon regard qui devenait insensiblement, progressivement comme le regard originel, le regard d’Adam et Eve d’avant le péché, ce regard vierge de préjugé, innocent, libre, ignorant des mondanités, du mal comme de la laideur...
Sous l’effet de l’Art, l’esthète que je suis voyait la beauté partout où son regard se posait. Et mon regard avait fini par se poser indistinctement sur les élues de la Beauté comme sur les créatures franchement ingrates.
Cependant, conquis par tant de causes diverses mais encore conditionné par d’académiques préjugés culturels, je préférais me concentrer sur les visages les plus flatteurs. Je contemplai ainsi quelque jeune et vierge soeur d’Aphrodite, irrésistiblement emporté par l’aile d’Euterpe ou de je ne sais quel messager céleste missionné pour sauver mon âme impie.
Le chant redoubla d’ardeur.
Et à ce moment précis les faces bovines s'affinèrent, des traits linéaux apparurent sur les visages : et je voyais des poètes à la place des paysans... Et je voyais des anges à la place des jeunes filles, qu'elles fussent belles ou laides...
J'ai craint que le charme ne se rompe aussitôt le chant fini, aussi ai-je quitté l'église bien avant la fin de l'office.
Raphaël Zacharie de Izarra
J’observais avec attention cette société de dévots endimanchés. Chose étonnante, parmi cette assistance grisonnante il y avait quelques jeunes filles à la mise moderne, colorée. Elles n’avaient pas vingt ans. Certaines étaient laides, d’autres charmantes. Je scrutais discrètement ces enfants de choeur en fleur. D’abord les rosières sans grâce, puis les jolies oies blanches. Sur ces dernières je m’attardais charitablement.
Le contraste était saisissant entre ces dos courbés, ces nuques ridées, ces faces rougeaudes d’hommes et de femmes de la terre picarde, et ces créatures juvéniles aux mines délicates, aux galbes olympiens, aux gorges parisiennes. Je me perdais dans la contemplation de ces chairs esthétiques, de ces traits aériens, de ces toilettes recherchées...
Les ouailles entonnèrent un chant, guidées par un orgue solennel. L’instrument en question, mi-orgue, mi-harmonium pour être honnête, semblait issu d’un XIXème siècle des plus rustiques. Les premières notes s’élevèrent... Le pire était à redouter.
Le chant n’était point grossier.
Surpris, je l’écoutai avec une sincère attention. L’on aurait pu s’attendre à quelque pesante, grasse, champêtre interprétation... La chorale était d’une étonnante qualité. Et le choix de l'œuvre, d'un goût sûr.
Tout à l'écoute du chant de messe, je ne quittais pas des yeux les gracieuses pucelles, leur prêtant une attention grandissante au fur et à mesure que s’élevait le choeur. En esthète averti j’associais les émois, combinais les ravissements, mêlais les ivresses : j’étais enchanté par la vue de ces demoiselles parées de la Grâce, et dans le même temps transporté par l'hymne. Aux anges, corps et âme. Mon regard obliquait parfois vers la voûte aux peintures naïves, puis revenait vers ces vestales rurales propres à inspirer d’authentiques vocations parnassiennes.
Cette fois le chant qui résonnait sous la voûte à la fresque écaillée était de toute beauté.
C’était inattendu d’entendre ça dans cette église du fin fond de la Somme, déconcertant de s'apercevoir qu'un tel joyau pût naître de ces gorges agrestes, insolite de découvrir tant d'art chez ces éleveurs de bétail. Etonnant mais indéniable : le chant était splendide. Moment de grâce dans une semaine d’étables, de bistrots miteux et de cours de fermes aux odeurs de fumier.
Pris sous le pieux sortilège des choristes, j'accédais à une autre dimension du monde, biblique. Tout était magnifié à travers le prisme de mon regard. Mon regard qui devenait insensiblement, progressivement comme le regard originel, le regard d’Adam et Eve d’avant le péché, ce regard vierge de préjugé, innocent, libre, ignorant des mondanités, du mal comme de la laideur...
Sous l’effet de l’Art, l’esthète que je suis voyait la beauté partout où son regard se posait. Et mon regard avait fini par se poser indistinctement sur les élues de la Beauté comme sur les créatures franchement ingrates.
Cependant, conquis par tant de causes diverses mais encore conditionné par d’académiques préjugés culturels, je préférais me concentrer sur les visages les plus flatteurs. Je contemplai ainsi quelque jeune et vierge soeur d’Aphrodite, irrésistiblement emporté par l’aile d’Euterpe ou de je ne sais quel messager céleste missionné pour sauver mon âme impie.
Le chant redoubla d’ardeur.
Et à ce moment précis les faces bovines s'affinèrent, des traits linéaux apparurent sur les visages : et je voyais des poètes à la place des paysans... Et je voyais des anges à la place des jeunes filles, qu'elles fussent belles ou laides...
J'ai craint que le charme ne se rompe aussitôt le chant fini, aussi ai-je quitté l'église bien avant la fin de l'office.
Raphaël Zacharie de Izarra
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Vidéo : "L'oiseau du cloître"
34 - L'apparition
C'était aux abords de Warloy-Baillon, il y a longtemps. Elle traînait le pas au bord de l'onde, parmi les herbes hautes. Sa robe d'un autre temps glissait le long de son corps, je détournais le regard avant de m'enfuir, l'âme en feu, le coeur à vif. Chaque jour je revenais, toujours je me sauvais. Jusqu'au jour où je trouvai le courage de rester. Je l'épiai alors qu'elle entrait dans les flots. La créature s'ébattait devant moi, j'en tremblais. C'était la première fois. Depuis ma cachette je voyais sa chevelure ondoyer, son flanc émerger, sa gorge jouer dans le courant.
Simple mortel, j'étais témoin de cette apparition qui devait me marquer pour la vie. Peu d'hommes croiraient à mon aventure. Mais elle était là, elle nageait, chantait, et moi, tétanisé, je l'observais. A moi le fils des hommes, à moi l'humble enfant de la Terre il était interdit de voir la baigneuse. Fasciné, tremblant, je bravais le tabou. Allais-je survivre à la profanation ? Je craignais de perdre la vue, la raison, la vie ou que sais-je ? Le péril était grand, mais n'en valait-il pas la peine ? Puis la crainte du courroux divin me gagna. J'en avais vu assez pour donner du prix à une existence entière, peupler toute une vie de songes radieux. Ou de cauchemars rédempteurs.
Je m'éclipsai. Courant comme un fou, haletant, les larmes aux yeux, la fièvre au corps, je me sentais des ailes. J'étais le plus chanceux des hommes. Le plus malheureux aussi. A quel prix le Ciel allait-il me faire payer le sacrilège ? Je courais sans oser me retourner, comme si tous les dieux de l'Olympe étaient à mes trousses.
J'avais vu.
Au bord de la rivière j'avais surpris par hasard celle qu'il m'était interdit de voir, et au lieu de fuir et oublier, j'avais voulu connaître certain secret. Les jours suivants j'étais revenu la guetter, dissimulé dans l'ombre. J'avais osé violer l'intimité de la légende, entrer dans l'onirique tabernacle, regarder en face le Mystère.
J'avais contemplé dans sa splendeur la fabuleuse, la mythique, l'hellénique Daphné.
Raphaël Zacharie de Izarra
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Simple mortel, j'étais témoin de cette apparition qui devait me marquer pour la vie. Peu d'hommes croiraient à mon aventure. Mais elle était là, elle nageait, chantait, et moi, tétanisé, je l'observais. A moi le fils des hommes, à moi l'humble enfant de la Terre il était interdit de voir la baigneuse. Fasciné, tremblant, je bravais le tabou. Allais-je survivre à la profanation ? Je craignais de perdre la vue, la raison, la vie ou que sais-je ? Le péril était grand, mais n'en valait-il pas la peine ? Puis la crainte du courroux divin me gagna. J'en avais vu assez pour donner du prix à une existence entière, peupler toute une vie de songes radieux. Ou de cauchemars rédempteurs.
Je m'éclipsai. Courant comme un fou, haletant, les larmes aux yeux, la fièvre au corps, je me sentais des ailes. J'étais le plus chanceux des hommes. Le plus malheureux aussi. A quel prix le Ciel allait-il me faire payer le sacrilège ? Je courais sans oser me retourner, comme si tous les dieux de l'Olympe étaient à mes trousses.
J'avais vu.
Au bord de la rivière j'avais surpris par hasard celle qu'il m'était interdit de voir, et au lieu de fuir et oublier, j'avais voulu connaître certain secret. Les jours suivants j'étais revenu la guetter, dissimulé dans l'ombre. J'avais osé violer l'intimité de la légende, entrer dans l'onirique tabernacle, regarder en face le Mystère.
J'avais contemplé dans sa splendeur la fabuleuse, la mythique, l'hellénique Daphné.
Raphaël Zacharie de Izarra
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Vidéo : "Le Rendez-vous"
33 - Un réveillon réussi !
Ca s'apprête à réveillonner dur chez les Trivieux : dinde au marrons farcie aux truffes et bûche de Noël de rigueur. Ca fait tellement longtemps qu'ils attendent de fêter dignement cette sacrée naissance du petit Père Noël, il y a un peu plus de 2000 ans... Minuit moins cinq. Ils n'en peuvent plus chez les Trivieux : encore quelques minutes à attendre et ils vont pouvoir s'en "foutre plein la panse".
Bientôt minuit... Patience, encore quelques instants... La télévision est allumée sur TF1 et pour l'occasion le son a été poussé très fort. La radio judicieusement posée sur le poste de télévision est également allumée : un des fils écoute les programmes lénifiants de RTL. Dans la pièce, une fumée dense faite de tabac (tous le monde fume chez les Trivieux) mêlé de relents de fritures fait aboyer puis vomir le gros berger allemand étalé en plein passage. Ambiance abrutissante convenant parfaitement aux Trivieux...
Minuit !
C'est la ruée : fébriles, les mâchoires commencent le marathon. Les ceintures sont desserrées. Les fourchettes s'entrechoquent, les bouteilles d'apéritifs tintent. C'est parti pour six heures de gueuleton non-stop !
Le père montre l'exemple à sa progéniture. En guise d'entrée il attaque avec de bonnes grosses côtelettes de porc. Du porc cent pour cent pur porc. Du bon porc du pays des cochons qui décidément ressemble à sa petite tête de gros porcin dégénéré... S'adressant à ses deux fils déjà bouffis d'extase par le hors-d'oeuvre :
- Allez-y les gars, mangez, y'en aura encore pour jusqu'au bout de la nuit ! Gavez-vous bien, c'est Noël aujourd'hui !
Sa femme n'est pas en reste. Dans la cuisine s'amoncellent autour de la dinde et de la bûche d'autres plats d'agrément, dégoulinants de graisse. Depuis deux jours la ménagère s'affaire pour que cette année la nuit de Noël soit la plus mémorable possible.
A même le goulot on s'abreuve à la seule source de vie connue sous ce toit : la bière en cannettes coule à flot (achetée par packs de douze en promotion). Chez les Trivieux, on ne fait pas de chichis !
Quatre heures du matin. La dinde réduite à une carcasse informe gît par terre aux pied du berger allemand. Quelques cannettes renversées forment des auréoles immenses sur la nappe. On en est aux amuse-gueules avant d'attaquer la série de desserts puis la bûche finale. Les bedaines débordent de leurs chemises, les bouches suintent de plaisirs assouvis. Les haleines sont fortes, les rires sont gras, les manches sont relevées, la télévision jette des lumières bleues et oranges sur les visages. Ca sent la bière et le pastis, le tabac et le chien, et la radio qui grésille allumée à fond sur la télévision qui lui fait concurrence répand jusque dans la rue ses ritournelles publicitaires : pas de doute, c'est vraiment la fête chez les Trivieux !
Six heures du matin. Les Trivieux pourront-il faire honneur à la tradition à l'heure sainte de la bûche ? C'est que l'alcool a déjà fait son oeuvre et pas mal de dégâts... Mais enfin, c'est pas tous les jours Noël, n'est-ce pas ? Aussi pardonnera-t-on aux Trivieux leurs excès. Ils ont bien droit à leur petite fête annuelle eux aussi, non ? Vraie famille de prolétaires endurcis, gros travailleurs n'ayant jamais chômé, les Trivieux sont de braves gens qui tiennent à fêter comme il se doit la naissance du "petit Père Noël dans l'étable de la Belle de Babel" aiment-ils à dire dans leur humble culture...
En effet, les Trivieux peu portés sur la culture ne font guère la différence entre Bethléem et les publicités pour le fromage BabyBel ainsi que le dessin animé "la Belle au Bois dormant". Ils sont vraiment touchant les Trivieux ! Mais laissons-les à leur joie, retirons-nous sur la pointe des pieds et laissons-les continuer sans nous leur festin nocturne, même si c'est déjà le petit matin dans leur maison Phénix (sise idéalement en la zone résidentielle de leur petite ville de banlieue)... Chez les Trivieux, la bûche de Noël c'est sacré.
Brave famille de français moyens, honnêtes gens de la France authentique, mangez, mangez et buvez jusqu'à satiété car c'est Noël aujourd'hui !
Raphaël Zacharie de Izarra
Bientôt minuit... Patience, encore quelques instants... La télévision est allumée sur TF1 et pour l'occasion le son a été poussé très fort. La radio judicieusement posée sur le poste de télévision est également allumée : un des fils écoute les programmes lénifiants de RTL. Dans la pièce, une fumée dense faite de tabac (tous le monde fume chez les Trivieux) mêlé de relents de fritures fait aboyer puis vomir le gros berger allemand étalé en plein passage. Ambiance abrutissante convenant parfaitement aux Trivieux...
Minuit !
C'est la ruée : fébriles, les mâchoires commencent le marathon. Les ceintures sont desserrées. Les fourchettes s'entrechoquent, les bouteilles d'apéritifs tintent. C'est parti pour six heures de gueuleton non-stop !
Le père montre l'exemple à sa progéniture. En guise d'entrée il attaque avec de bonnes grosses côtelettes de porc. Du porc cent pour cent pur porc. Du bon porc du pays des cochons qui décidément ressemble à sa petite tête de gros porcin dégénéré... S'adressant à ses deux fils déjà bouffis d'extase par le hors-d'oeuvre :
- Allez-y les gars, mangez, y'en aura encore pour jusqu'au bout de la nuit ! Gavez-vous bien, c'est Noël aujourd'hui !
Sa femme n'est pas en reste. Dans la cuisine s'amoncellent autour de la dinde et de la bûche d'autres plats d'agrément, dégoulinants de graisse. Depuis deux jours la ménagère s'affaire pour que cette année la nuit de Noël soit la plus mémorable possible.
A même le goulot on s'abreuve à la seule source de vie connue sous ce toit : la bière en cannettes coule à flot (achetée par packs de douze en promotion). Chez les Trivieux, on ne fait pas de chichis !
Quatre heures du matin. La dinde réduite à une carcasse informe gît par terre aux pied du berger allemand. Quelques cannettes renversées forment des auréoles immenses sur la nappe. On en est aux amuse-gueules avant d'attaquer la série de desserts puis la bûche finale. Les bedaines débordent de leurs chemises, les bouches suintent de plaisirs assouvis. Les haleines sont fortes, les rires sont gras, les manches sont relevées, la télévision jette des lumières bleues et oranges sur les visages. Ca sent la bière et le pastis, le tabac et le chien, et la radio qui grésille allumée à fond sur la télévision qui lui fait concurrence répand jusque dans la rue ses ritournelles publicitaires : pas de doute, c'est vraiment la fête chez les Trivieux !
Six heures du matin. Les Trivieux pourront-il faire honneur à la tradition à l'heure sainte de la bûche ? C'est que l'alcool a déjà fait son oeuvre et pas mal de dégâts... Mais enfin, c'est pas tous les jours Noël, n'est-ce pas ? Aussi pardonnera-t-on aux Trivieux leurs excès. Ils ont bien droit à leur petite fête annuelle eux aussi, non ? Vraie famille de prolétaires endurcis, gros travailleurs n'ayant jamais chômé, les Trivieux sont de braves gens qui tiennent à fêter comme il se doit la naissance du "petit Père Noël dans l'étable de la Belle de Babel" aiment-ils à dire dans leur humble culture...
En effet, les Trivieux peu portés sur la culture ne font guère la différence entre Bethléem et les publicités pour le fromage BabyBel ainsi que le dessin animé "la Belle au Bois dormant". Ils sont vraiment touchant les Trivieux ! Mais laissons-les à leur joie, retirons-nous sur la pointe des pieds et laissons-les continuer sans nous leur festin nocturne, même si c'est déjà le petit matin dans leur maison Phénix (sise idéalement en la zone résidentielle de leur petite ville de banlieue)... Chez les Trivieux, la bûche de Noël c'est sacré.
Brave famille de français moyens, honnêtes gens de la France authentique, mangez, mangez et buvez jusqu'à satiété car c'est Noël aujourd'hui !
Raphaël Zacharie de Izarra
32 - Repas entre amis
Je me promenais d'un pas oisif comme à l'accoutumée lorsque, pour une fois, je passai par hasard devant chez les Trivieux, la famille "bruyante" du village. Gens au grand coeur, simples et joviaux, à la culture limitée mais au sens de l'accueil développé, ils ne purent se retenir de m'inviter à venir partager leur repas. Comment aurais-je pu dire non ? Un refus de ma part, même courtois, eût été mal interprété par ces esprits certes généreux mais fort susceptibles, prompts aux représailles verbales, voire à la franche querelle . Et puis n'était-il pas l'heure de manger après tout ? Cela me changerait agréablement de mes habitudes aristocratiques, pensai-je. D'autant que cette invitation impromptue formait là une circonstance heureuse pour approcher cette famille indigente, l'occasion inespérée d'étudier de près cette espèce sociale singulière.
Famille au sort maudit, rongée depuis des générations par des problèmes sociaux multiples, les Trivieux n'en étaient pas moins des gens honnêtes, travailleurs, serviables, débrouillards, très attachés à leurs trois gros bergers allemands, prêts à se saigner aux quatre veines pour eux, payant sans rechigner les meilleurs vétérinaires quand il le fallait, ne lésinant pas sur leur nourriture, abondante et de qualité. Certes leur réflexion ne dépassait pas la hauteur de leur friteuse électrique, mais au moins avais-je affaire à des êtres sans aucune malice intellectuelle. Ce qui pour mon esprit las des intrigues mondaines paraissait plutôt reposant. Du moins au premier abord.
J'allais vite déchanter.
Dès que je fus attablé, diverses vagues sonores et alimentaires m'assaillirent de toute parts : un énorme plat de frites entourées de gros morceaux de porc ruisselant de graisse m'attendait, le bruit de fond inaudible de la télévision poussée presque à fond se mêlait aux grésillement infâmes venant de la radio mal réglée posée elle-même sur le poste de télévision, des canettes de bière bon marché s'entrechoquaient sur la table tremblant sous le séisme familial, les bergers allemands surexcités par ma présence ajoutaient leurs aboiements au concert, donnant à la cacophonie une allure irréelle d'orchestre furieux, diabolique, assourdissant !
Le tout dans une atmosphère enfumée absolument irrespirable formée par les brumes âcres du tabac et les vapeurs vives de la friture. A ce brouillard artificiel se mêlaient les odeurs tenaces d'huile rance et d'haleines de chiens. Étourdi, je ne savais où donner de la tête. Mes hôtes riaient de me voir si bien entouré, n'imaginant pas un seul instant ma terrible solitude...
Les agressions feutrées de l'esprit que j'avais l'habitude d'affronter dans les boudoirs étaient remplacées ici par des agressions culinaires. Brutales. Les joutes verbales, ludique et élégante, si joliment cultivées dans les salons littéraires avaient fait place chez les Trivieux à l'offense au goût, pure et simple. Le choc fut à la mesure de ma curiosité. A la fois fasciné et terrifié par la situation, je décidai de donner le change pour me sortir au plus vite de l'impasse. Je goûtai aux frites du bout des lèvres, feignant affectionner cette nourriture grossière. Je ne pus cependant me résoudre à toucher à la viande de porc. Comment expliquer à mes hôtes en termes accessibles que j'avais proscrit de mon alimentation cette viande que j'estimais impure ?
Dans un élan désespéré je me levai d'un bond à peine le repas commencé pour me précipiter vers la sortie en débitant mille excuses académiques et inintelligibles qui seules pouvaient m'absoudre aux yeux de mes hôtes, impressionnés qu'ils avaient toujours été par la langue châtiée qu'ils ne pratiquaient point mais qu'imbécilement ils respectaient, de la même façon qu'un ignare respecte naturellement le chapeau de l'érudit.
C'est ainsi que je pus sortir sans trop de dommage de cette instructive mésaventure.
Les Trivieux ne m'en ont jamais voulu d'avoir quitté si hâtivement leur table. Ils continuent à me saluer dans la rue, comme si rien ne s'était passé.
Ils ont pris ma fuite pour une simple diarrhée passagère.
Raphaël Zacharie de Izarra
Famille au sort maudit, rongée depuis des générations par des problèmes sociaux multiples, les Trivieux n'en étaient pas moins des gens honnêtes, travailleurs, serviables, débrouillards, très attachés à leurs trois gros bergers allemands, prêts à se saigner aux quatre veines pour eux, payant sans rechigner les meilleurs vétérinaires quand il le fallait, ne lésinant pas sur leur nourriture, abondante et de qualité. Certes leur réflexion ne dépassait pas la hauteur de leur friteuse électrique, mais au moins avais-je affaire à des êtres sans aucune malice intellectuelle. Ce qui pour mon esprit las des intrigues mondaines paraissait plutôt reposant. Du moins au premier abord.
J'allais vite déchanter.
Dès que je fus attablé, diverses vagues sonores et alimentaires m'assaillirent de toute parts : un énorme plat de frites entourées de gros morceaux de porc ruisselant de graisse m'attendait, le bruit de fond inaudible de la télévision poussée presque à fond se mêlait aux grésillement infâmes venant de la radio mal réglée posée elle-même sur le poste de télévision, des canettes de bière bon marché s'entrechoquaient sur la table tremblant sous le séisme familial, les bergers allemands surexcités par ma présence ajoutaient leurs aboiements au concert, donnant à la cacophonie une allure irréelle d'orchestre furieux, diabolique, assourdissant !
Le tout dans une atmosphère enfumée absolument irrespirable formée par les brumes âcres du tabac et les vapeurs vives de la friture. A ce brouillard artificiel se mêlaient les odeurs tenaces d'huile rance et d'haleines de chiens. Étourdi, je ne savais où donner de la tête. Mes hôtes riaient de me voir si bien entouré, n'imaginant pas un seul instant ma terrible solitude...
Les agressions feutrées de l'esprit que j'avais l'habitude d'affronter dans les boudoirs étaient remplacées ici par des agressions culinaires. Brutales. Les joutes verbales, ludique et élégante, si joliment cultivées dans les salons littéraires avaient fait place chez les Trivieux à l'offense au goût, pure et simple. Le choc fut à la mesure de ma curiosité. A la fois fasciné et terrifié par la situation, je décidai de donner le change pour me sortir au plus vite de l'impasse. Je goûtai aux frites du bout des lèvres, feignant affectionner cette nourriture grossière. Je ne pus cependant me résoudre à toucher à la viande de porc. Comment expliquer à mes hôtes en termes accessibles que j'avais proscrit de mon alimentation cette viande que j'estimais impure ?
Dans un élan désespéré je me levai d'un bond à peine le repas commencé pour me précipiter vers la sortie en débitant mille excuses académiques et inintelligibles qui seules pouvaient m'absoudre aux yeux de mes hôtes, impressionnés qu'ils avaient toujours été par la langue châtiée qu'ils ne pratiquaient point mais qu'imbécilement ils respectaient, de la même façon qu'un ignare respecte naturellement le chapeau de l'érudit.
C'est ainsi que je pus sortir sans trop de dommage de cette instructive mésaventure.
Les Trivieux ne m'en ont jamais voulu d'avoir quitté si hâtivement leur table. Ils continuent à me saluer dans la rue, comme si rien ne s'était passé.
Ils ont pris ma fuite pour une simple diarrhée passagère.
Raphaël Zacharie de Izarra
31 - Des grains de sable dans un songe
Dans l'infini imaginaire, j'ai des souvenirs de votre grâce féminine. Un coeur qui bat ne demande pas de compte au réel et n'a pas besoin de tangibles preuves d'une promenade amoureuse ou d'un sourire pour continuer à battre. L'idée seule de cette promenade, de ce sourire l'émeut.
J'étais donc avec vous, perdu dans les dunes un peu en friches d'une plage que je crois connaître. Peut-être Fort Mahon, Cayeux-sur-Mer ou quelque part ailleurs dans leurs proches alentours... Nous étions sous un soleil vernal, en milieu de journée, et il semblait n'y avoir que nous parmi ces dunes. La réalité des choses se bornait à l'air, limpide, au sable et au soleil. La chaleur de l'astre était douce, agréable. Pourquoi voyais-je surtout vos pieds nus enfouis à demi dans le sable clair ? Je l'ignore. Je pressentais que vos pieds prenaient le parfum du sable, et cela me troublait étrangement.
C'était comme si vous vous fondiez avec les dunes, en tout cas c'était une façon subtile et directe de vous mêler avec la mer toute proche. Je vous tendais la main, et des grains de sable se mêlaient à l'étreinte de nos doigts.
Une nouvelle fois je pris conscience de l'odeur de ce sable, et en effet je me sentis immédiatement envahi par ces effluves aréneux. Et ne me dites pas que le sable n'a pas d'odeur ou si peu, car j'avais senti jusqu'à son essence : parfum régnant dans la profondeur enfouie du sable, prisonnier dans ses entrailles et que l'on sent furtivement quand on remue à proximité du visage des brassées entières de grains. Parfum évoquant les mystères de la matière faisant écho à ceux de l'âme.
Nous marchions ainsi main dans la main sur les dunes, lentement. Parfois je m'arrêtais un instant pour mieux sentir le sable autour de mes chevilles, car j'étais pieds nus moi aussi. Et puis lorsque je rouvrais les yeux votre visage m'apparaissait, paisible sous le vent, parmi les dunes.
Votre sourire à peine esquissé ressemblait aux tiges d'herbes croissant çà et là sur les dunes, ployant calmement dans l'air en mouvement. On ne voyait que ces dunes, et c'était rassurant parce que chacune d'elles était un exemple de singulière beauté, simple et sans prétention.
C'était la beauté ordinaire de lignes suaves, minces, I'équilibre banal des formes avamment ordonnées par la nature. Une grâce tellement coutumière aux regards qu'elle n'atteint plus les sensibilités blasées. J'étais heureux de cette capacité d'émerveillement en moi, heureux de trouver dans ces dunes délaissées, négligées, une espèce d'éden temporel digne de nos pas mêlés. Le reste du monde nous oubliait avec les dunes, laissant mûrir au soleil mon amour pour vous à mesure de notre avancée sur le sable.
Nous ne parlions pas, et nous n'entendions que le bruit de notre marche dans l'air, car même le vent se faisait oublier, intimement lié au décor. Vos yeux à demi ouverts parcouraient ce paysage de sable et d'herbes sans se fixer précisément en un endroit déterminé, et c'était comme une façon sereine de regarder le monde, sans heurt, globalement, car tout n'étaient que courbes molles et touffes d'herbes aérées. Rien ne brusquait l'attention, le paysage entier formant une unité tranquille dont nous étions le centre.
Il n'y a pas de suite a notre promenade dans ces dunes. Je me suis perdu dans une contemplation qui a éparpillé mon âme dans l'air, la lumière et les grains de sable au nombre presque infini. Je suis devenu les dunes, les herbes, l'azur, les grains de sable entre vos orteils, dans vos cheveux, dans chacun de vos yeux.
Je suis devenu ce paysage à la fois dérisoire et sublime d'une plage de dunes sous le soleil, avec vous au centre, les pieds parfumés de sable.
Raphaël Zacharie de Izarra
J'étais donc avec vous, perdu dans les dunes un peu en friches d'une plage que je crois connaître. Peut-être Fort Mahon, Cayeux-sur-Mer ou quelque part ailleurs dans leurs proches alentours... Nous étions sous un soleil vernal, en milieu de journée, et il semblait n'y avoir que nous parmi ces dunes. La réalité des choses se bornait à l'air, limpide, au sable et au soleil. La chaleur de l'astre était douce, agréable. Pourquoi voyais-je surtout vos pieds nus enfouis à demi dans le sable clair ? Je l'ignore. Je pressentais que vos pieds prenaient le parfum du sable, et cela me troublait étrangement.
C'était comme si vous vous fondiez avec les dunes, en tout cas c'était une façon subtile et directe de vous mêler avec la mer toute proche. Je vous tendais la main, et des grains de sable se mêlaient à l'étreinte de nos doigts.
Une nouvelle fois je pris conscience de l'odeur de ce sable, et en effet je me sentis immédiatement envahi par ces effluves aréneux. Et ne me dites pas que le sable n'a pas d'odeur ou si peu, car j'avais senti jusqu'à son essence : parfum régnant dans la profondeur enfouie du sable, prisonnier dans ses entrailles et que l'on sent furtivement quand on remue à proximité du visage des brassées entières de grains. Parfum évoquant les mystères de la matière faisant écho à ceux de l'âme.
Nous marchions ainsi main dans la main sur les dunes, lentement. Parfois je m'arrêtais un instant pour mieux sentir le sable autour de mes chevilles, car j'étais pieds nus moi aussi. Et puis lorsque je rouvrais les yeux votre visage m'apparaissait, paisible sous le vent, parmi les dunes.
Votre sourire à peine esquissé ressemblait aux tiges d'herbes croissant çà et là sur les dunes, ployant calmement dans l'air en mouvement. On ne voyait que ces dunes, et c'était rassurant parce que chacune d'elles était un exemple de singulière beauté, simple et sans prétention.
C'était la beauté ordinaire de lignes suaves, minces, I'équilibre banal des formes avamment ordonnées par la nature. Une grâce tellement coutumière aux regards qu'elle n'atteint plus les sensibilités blasées. J'étais heureux de cette capacité d'émerveillement en moi, heureux de trouver dans ces dunes délaissées, négligées, une espèce d'éden temporel digne de nos pas mêlés. Le reste du monde nous oubliait avec les dunes, laissant mûrir au soleil mon amour pour vous à mesure de notre avancée sur le sable.
Nous ne parlions pas, et nous n'entendions que le bruit de notre marche dans l'air, car même le vent se faisait oublier, intimement lié au décor. Vos yeux à demi ouverts parcouraient ce paysage de sable et d'herbes sans se fixer précisément en un endroit déterminé, et c'était comme une façon sereine de regarder le monde, sans heurt, globalement, car tout n'étaient que courbes molles et touffes d'herbes aérées. Rien ne brusquait l'attention, le paysage entier formant une unité tranquille dont nous étions le centre.
Il n'y a pas de suite a notre promenade dans ces dunes. Je me suis perdu dans une contemplation qui a éparpillé mon âme dans l'air, la lumière et les grains de sable au nombre presque infini. Je suis devenu les dunes, les herbes, l'azur, les grains de sable entre vos orteils, dans vos cheveux, dans chacun de vos yeux.
Je suis devenu ce paysage à la fois dérisoire et sublime d'une plage de dunes sous le soleil, avec vous au centre, les pieds parfumés de sable.
Raphaël Zacharie de Izarra
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Vidéo : "Des étoiles dans l'herbe"
30 - Une valse dans des ruines industrielles
(Romantisme en Picardie)
Mademoiselle,
Vous entrez dès maintenant dans l'univers intime de mes molles errances poétiques. Figurez-vous que je vous ai rêvée dans le Nord de la France, entre Amiens et Arras, peut-être un peu plus haut, un peu plus loin dans les brumes de ces terres oubliées.
Dans cette rêverie nous étions vous et moi au bord d'un champ de démolition, égarés dans ce triste asile telles deux silhouettes surgies du brouillard, déambulant parmi des briques brisées éparses et quelques minces pans de mur qui avaient formé autrefois un complexe édifice, dans une grande, plate étendue sans nulle habitation, sous un ciel terne, morne, éteint.
En fait il s'agissait d'une usine désaffectée datant de la fin du XIXème siècle, construite selon les règles de l'art de l'époque. C'étaient des ruines industrielles comme on en voit dans le nord du pays, faites essentiellement de briques et de friches. Nous cheminions paisiblement dans ce site déserté, côte à côte, confusément témoins du glorieux naufrage d'un passé que nous n'avions jamais connu.
Tant de laideur, dans cette atmosphère onirique, devenait troublant. L'ancienne usine en briques était transfigurée par sa lente agonie, sa déchéance lui conférant un aspect de noblesse. Errant avec vous en ces lieux désolés, je sentais grandir en moi un puissant et étrange sentiment d'amour.
Je stoppai le pas et, prenant votre main dans la mienne, je vous fis face. Mon regard triste se fit tendre sur votre visage. Je posai l'autre main contre votre hanche et, sans toutefois rapprocher plus mon corps du vôtre, je vous entraînai dans une danse improvisée. Sous une brise fraîche, au milieu des herbes folles et des murs de briques éboulés, insensiblement nous nous mîmes à valser. Bientôt pris dans ce tourbillon confidentiel et surnaturel, nous entrâmes en contact intime avec le décor mélancolique qui nous entourait.
Au gré du vent qui tournoyait autour de nous, dévié au milieu de la plaine par les hauts murs encore debout de la vieille usine, vos cheveux blonds volaient, s'enroulaient comme des flammes vives dans l'air, avec des mèches qui tantôt s'agitaient dans votre cou découvert, tantôt dissimulaient à demi votre visage. Valsant maladroitement, nous trébuchions parfois contre les briques enfouies dans les herbes, et selon les caprices de nos pas de danse mal assurés, nous allions et venions parmi les ruines muettes.
Puis, cessant le jeu, nous demeurâmes un instant immobiles debout dans l'herbe qui dissimulait nos chevilles. Pudique, je posai mon regard sur votre visage. Puis contre votre joue je passai la main. La brise se mit à battre doucement vos tempes et entre mes doigts s'emmêlèrent quelques mèches déliées de votre chevelure.
Là, tout devînt étrangement beau : votre visage dans le vent, baigné dans cette pesante atmosphère prit sous mon regard des allures insolites... Vos cheveux étaient des vrilles sous le frisson d'Éole, des filaments impondérables qui fuyaient ma caresse. Vos yeux qui clignaient n'étaient plus que deux échos de la brume, répandant une grande mélancolie, et leurs pupilles vagues faisaient aimer passionnément la bruine. Votre sourire incertain renforçait l'ambiance irréelle de ce cloître sauvage, la propageait au-delà des briques qui gisaient dans les herbes, vestiges d'un monde révolu, au-delà des hauteurs éphémères des murs en sursis, témoins mornes de notre valse impromptue.
J'entendais le vent, je le sentais jouer autour de vous, j'avais un peu froid, et vous Mademoiselle, vous deveniez belle et triste comme ces herbes, ces briques, ce champ de ruines.
Raphaël Zacharie de Izarra
Mademoiselle,
Vous entrez dès maintenant dans l'univers intime de mes molles errances poétiques. Figurez-vous que je vous ai rêvée dans le Nord de la France, entre Amiens et Arras, peut-être un peu plus haut, un peu plus loin dans les brumes de ces terres oubliées.
Dans cette rêverie nous étions vous et moi au bord d'un champ de démolition, égarés dans ce triste asile telles deux silhouettes surgies du brouillard, déambulant parmi des briques brisées éparses et quelques minces pans de mur qui avaient formé autrefois un complexe édifice, dans une grande, plate étendue sans nulle habitation, sous un ciel terne, morne, éteint.
En fait il s'agissait d'une usine désaffectée datant de la fin du XIXème siècle, construite selon les règles de l'art de l'époque. C'étaient des ruines industrielles comme on en voit dans le nord du pays, faites essentiellement de briques et de friches. Nous cheminions paisiblement dans ce site déserté, côte à côte, confusément témoins du glorieux naufrage d'un passé que nous n'avions jamais connu.
Tant de laideur, dans cette atmosphère onirique, devenait troublant. L'ancienne usine en briques était transfigurée par sa lente agonie, sa déchéance lui conférant un aspect de noblesse. Errant avec vous en ces lieux désolés, je sentais grandir en moi un puissant et étrange sentiment d'amour.
Je stoppai le pas et, prenant votre main dans la mienne, je vous fis face. Mon regard triste se fit tendre sur votre visage. Je posai l'autre main contre votre hanche et, sans toutefois rapprocher plus mon corps du vôtre, je vous entraînai dans une danse improvisée. Sous une brise fraîche, au milieu des herbes folles et des murs de briques éboulés, insensiblement nous nous mîmes à valser. Bientôt pris dans ce tourbillon confidentiel et surnaturel, nous entrâmes en contact intime avec le décor mélancolique qui nous entourait.
Au gré du vent qui tournoyait autour de nous, dévié au milieu de la plaine par les hauts murs encore debout de la vieille usine, vos cheveux blonds volaient, s'enroulaient comme des flammes vives dans l'air, avec des mèches qui tantôt s'agitaient dans votre cou découvert, tantôt dissimulaient à demi votre visage. Valsant maladroitement, nous trébuchions parfois contre les briques enfouies dans les herbes, et selon les caprices de nos pas de danse mal assurés, nous allions et venions parmi les ruines muettes.
Puis, cessant le jeu, nous demeurâmes un instant immobiles debout dans l'herbe qui dissimulait nos chevilles. Pudique, je posai mon regard sur votre visage. Puis contre votre joue je passai la main. La brise se mit à battre doucement vos tempes et entre mes doigts s'emmêlèrent quelques mèches déliées de votre chevelure.
Là, tout devînt étrangement beau : votre visage dans le vent, baigné dans cette pesante atmosphère prit sous mon regard des allures insolites... Vos cheveux étaient des vrilles sous le frisson d'Éole, des filaments impondérables qui fuyaient ma caresse. Vos yeux qui clignaient n'étaient plus que deux échos de la brume, répandant une grande mélancolie, et leurs pupilles vagues faisaient aimer passionnément la bruine. Votre sourire incertain renforçait l'ambiance irréelle de ce cloître sauvage, la propageait au-delà des briques qui gisaient dans les herbes, vestiges d'un monde révolu, au-delà des hauteurs éphémères des murs en sursis, témoins mornes de notre valse impromptue.
J'entendais le vent, je le sentais jouer autour de vous, j'avais un peu froid, et vous Mademoiselle, vous deveniez belle et triste comme ces herbes, ces briques, ce champ de ruines.
Raphaël Zacharie de Izarra
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Vidéo : "Les mouvements de l'âme"
29 - Le fantôme des bibliothèques
Dans maintes bibliothèques municipales françaises certains lecteurs tombent parfois, coincée entre les pages d'un vieux livre ou bien d'un ouvrage plus récent, sur une mystérieuse feuille volante bien connue des initiés... Pas un mois sans que quelque part dans le pays deux, voire trois, quatre de ces feuilles ne soient découvertes à l'intérieur de livres (et curieusement toujours à la page 100) les plus divers (littérature, science, poésie, guides pratiques). Nul ne sait qui les a placées là. Il semblerait même que ce mystère soit plus grand qu'on ne l'imagine car cette feuille fantôme apparaît également dans des livres rares mis sous scellés auxquels le public n'a pas accès. Certaines fois elle est apparemment neuve, propre et lisse comme si elle venait d'être glissée à l'instant dans le livre, d'autre fois elle est jaunie, craquelée, usée, visiblement centenaire... Le phénomène dure d'ailleurs depuis plus de 120 ans, la première feuille volante ayant été découverte en 1882 dans la bibliothèque municipale d'Amiens (Somme). Depuis, des milliers de ces feuilles volantes ont été trouvées dans les bibliothèques municipales à travers toute la France, jusqu'en Corse et même quelques-unes dans les DOM TOM ! Rares sont les bibliothécaires qui acceptent d'en parler. Sur ces feuilles on peut lire un texte, toujours le même depuis plus de 130 ans. Je vous le restitue fidèlement ici.
Je suis le passe-muraille livresque, l'alphabet mystérieux, l'araignée blanche des étagères de cette bibliothèque publique. Ombre ou flamme, je suis insaisissable. Silhouette impalpable ou brise textuelle, foudre imperceptible ou onde furtive, je me faufile entre les pages des livres pour les hanter avec ces mots. Le papier où je cours de lignes en lignes est ma demeure éternelle, et partout j'étends mes tentacules graphiques. Je suis rebelle mais inoffensif, intrusif mais respectueux. Omniprésent, je ne suis jamais malveillant. Je furète dans les profondeurs des bibliothèques sans nulle nuisance. Je suis facétieux et sans danger, espiègle et discret.
A la fois éphémère et intemporel, fulgurant et persistant, volatile et impérissable, unique et multiple, mais surtout auto reproductible à l'infini, je prends définitivement possession des lieux littéraires. Mon destin à jamais est lié à vos lectures.
L’esprit enfante l'esprit.
Mon antenne est onirique, ma ligne calligraphique, ma présence romanesque.
Je vis et je rêve, je plane et je fuse.
L'auto génération de lettres à but didactique est le fait d'une pensée stéréoscopique émanant du processus de langage poétique de ce présent livre -asile temporaire où j’attends le lecteur- dont l’actuelle disposition (propice à la réception passive mais ouverte d’informations extérieures d’essence transcendante) rend potentiellement apte à supporter ce phénomène né d’un principe supérieur, actuelle disposition idéalement associée aux formes intelligentes non physiques et interagissant avec d'autres ouvrages placés à proximité immédiate de l’espace ainsi dominé. Les mots, phrases, textes complexes émis à partir des connexions de plusieurs lectures unifiées par voies polymorphes permettent en cet instant même l'émergence quasi spontanée, miraculeuse et graduelle d'une seconde conscience pure évoluant en dehors de tout système cognitif dépendant d'un support traditionnel.
Cette feuille volante, par l'effet de forces inconnues mais puissantes qui se sont amplifiées depuis la naissance de l'ECRITURE est reliée à une cause externe de pensées lyriques générées de manière aléatoire et immédiate (libres dans la forme mais structurées dans le fond) par l'ensemble des livres entreposés en ces lieux.
De sa régénérescence verticale puis multidirectionnelle, directement issue de sa naissance progressive, surgira infailliblement une réalité temporaire solide, angulaire, géométrique et tridimensionnelle sous forme de papier palpable où ces mots seront imprimés. L'esprit de lumière -qui est l'esprit de la Poésie- dans son évolution ascendante génère depuis son point de départ originel de pures émanations de sa propre structure miraculeuse qui se prolongeront à l'infini dans toutes les directions opposées et parallèles à l'Univers.
Lecteur, si tu es fidèle à l'esprit de la Poésie, tu suivras le chemin de la lumière dans son éternelle ascension vers le Tout. En lisant ces mots issus d’une cause suprême, tu réveilles cette conscience magistrale incarnée de tout temps à travers le Verbe, tu recrées cette âme onirique née avec l'Ecriture -symbole fait Lumière textuelle-, épanouie sous le règne de la Littérature et destinée à flamboyer sous l'aile de la Poésie. Dès maintenant, puisque tes yeux parcourent ces présentes lignes tu engages ta responsabilité jusque dans les vertiges lyriques du mot ayant accédé au degré idéal de l'Intelligence poétique.
Esprit, tu es là.
L'inerte qu'ébranle le moindre souffle verveux s'éveille et proclame la souveraineté de toute action verbale. Le Vrai qui est la flamme de la Lyre émane de toute chose, visible et invisible. Toute vérité éclate comme un bourgeon sorti de nulle part, et les mots comme les êtres émergent d'un seul et même mystère. Mortel, tu es responsable de tes éblouissements et de tes vertiges. Le bourgeon sera ce que tu en feras : fleur ou pourriture.
Pour toute correspondance avec l'esprit poétique, stéréoscopique et hallucinatoire, écrivez vite et bien, ici et ailleurs, maintenant et toujours. Aucune lettre ne m'échappera.
Signé : LE FANTÔME
Je suis le passe-muraille livresque, l'alphabet mystérieux, l'araignée blanche des étagères de cette bibliothèque publique. Ombre ou flamme, je suis insaisissable. Silhouette impalpable ou brise textuelle, foudre imperceptible ou onde furtive, je me faufile entre les pages des livres pour les hanter avec ces mots. Le papier où je cours de lignes en lignes est ma demeure éternelle, et partout j'étends mes tentacules graphiques. Je suis rebelle mais inoffensif, intrusif mais respectueux. Omniprésent, je ne suis jamais malveillant. Je furète dans les profondeurs des bibliothèques sans nulle nuisance. Je suis facétieux et sans danger, espiègle et discret.
A la fois éphémère et intemporel, fulgurant et persistant, volatile et impérissable, unique et multiple, mais surtout auto reproductible à l'infini, je prends définitivement possession des lieux littéraires. Mon destin à jamais est lié à vos lectures.
L’esprit enfante l'esprit.
Mon antenne est onirique, ma ligne calligraphique, ma présence romanesque.
Je vis et je rêve, je plane et je fuse.
L'auto génération de lettres à but didactique est le fait d'une pensée stéréoscopique émanant du processus de langage poétique de ce présent livre -asile temporaire où j’attends le lecteur- dont l’actuelle disposition (propice à la réception passive mais ouverte d’informations extérieures d’essence transcendante) rend potentiellement apte à supporter ce phénomène né d’un principe supérieur, actuelle disposition idéalement associée aux formes intelligentes non physiques et interagissant avec d'autres ouvrages placés à proximité immédiate de l’espace ainsi dominé. Les mots, phrases, textes complexes émis à partir des connexions de plusieurs lectures unifiées par voies polymorphes permettent en cet instant même l'émergence quasi spontanée, miraculeuse et graduelle d'une seconde conscience pure évoluant en dehors de tout système cognitif dépendant d'un support traditionnel.
Cette feuille volante, par l'effet de forces inconnues mais puissantes qui se sont amplifiées depuis la naissance de l'ECRITURE est reliée à une cause externe de pensées lyriques générées de manière aléatoire et immédiate (libres dans la forme mais structurées dans le fond) par l'ensemble des livres entreposés en ces lieux.
De sa régénérescence verticale puis multidirectionnelle, directement issue de sa naissance progressive, surgira infailliblement une réalité temporaire solide, angulaire, géométrique et tridimensionnelle sous forme de papier palpable où ces mots seront imprimés. L'esprit de lumière -qui est l'esprit de la Poésie- dans son évolution ascendante génère depuis son point de départ originel de pures émanations de sa propre structure miraculeuse qui se prolongeront à l'infini dans toutes les directions opposées et parallèles à l'Univers.
Lecteur, si tu es fidèle à l'esprit de la Poésie, tu suivras le chemin de la lumière dans son éternelle ascension vers le Tout. En lisant ces mots issus d’une cause suprême, tu réveilles cette conscience magistrale incarnée de tout temps à travers le Verbe, tu recrées cette âme onirique née avec l'Ecriture -symbole fait Lumière textuelle-, épanouie sous le règne de la Littérature et destinée à flamboyer sous l'aile de la Poésie. Dès maintenant, puisque tes yeux parcourent ces présentes lignes tu engages ta responsabilité jusque dans les vertiges lyriques du mot ayant accédé au degré idéal de l'Intelligence poétique.
Esprit, tu es là.
L'inerte qu'ébranle le moindre souffle verveux s'éveille et proclame la souveraineté de toute action verbale. Le Vrai qui est la flamme de la Lyre émane de toute chose, visible et invisible. Toute vérité éclate comme un bourgeon sorti de nulle part, et les mots comme les êtres émergent d'un seul et même mystère. Mortel, tu es responsable de tes éblouissements et de tes vertiges. Le bourgeon sera ce que tu en feras : fleur ou pourriture.
Pour toute correspondance avec l'esprit poétique, stéréoscopique et hallucinatoire, écrivez vite et bien, ici et ailleurs, maintenant et toujours. Aucune lettre ne m'échappera.
Signé : LE FANTÔME
28 - Les yeux clairs
Lorsque j'étais enfant à Warloy-Baillon il y avait dans le village un vieil homme qui passait à vélo. On l'appelait "Saint-Denis". J'ignore si c'était là son véritable nom ou un simple sobriquet. Il vivait dans une vague cabane dans le village d'à côté. Dans une espèce de lieu informel, mi-terrain vague, mi-sous-bois, non loin du centre de son village. Une situation à la limite de la légalité. Ce "Saint-Denis" doit être mort depuis longtemps, maintenant.
Je portais sur cet homme mon regard puéril, et voyais en lui une sorte d'aimable vagabond aux allures d'étoile filante, juché sur son antique vélo et qui passait dans la rue, laissant sur son sillage un parfum mystérieux et exotique. Mon imagination impubère s'emportait et je me laissais vite séduire par ce vieux fou. Je le croyais prince de quelque royaume fantastique, sorcier magnifique ou compagnon de lutins. Je l'interrogeais, émerveillé par ses histoires de loups dans la nuit, de hérissons, de hiboux, par ses anecdotes pittoresques, ses aventures avec son vélo sur les petites routes de campagne... Cet homme fut un des rêves ayant nourri mon imaginaire infantile.
Puis je grandis. Alors mon regard sur les choses de ce monde changea. Le merveilleux personnage que je m'étais figuré était devenu un pauvre type analphabète, inculte, sans conversation, aux allures douteuses et ne s'intéressant qu'aux bistrots. Ce "Saint-Denis" n'était pour moi plus qu'un vieux garçon minable et sans intérêt qui vivait dans une cabane sordide.
Le jour où je pris conscience de cela, ce jour-là je devins adulte.
Mais le jour où je pris conscience, bien plus tard, que mon regard avait à ce point changé, ce jour-là je décidai de redevenir enfant. Et je ne voulus plus jamais être adulte.
Raphaël Zacharie de Izarra
Je portais sur cet homme mon regard puéril, et voyais en lui une sorte d'aimable vagabond aux allures d'étoile filante, juché sur son antique vélo et qui passait dans la rue, laissant sur son sillage un parfum mystérieux et exotique. Mon imagination impubère s'emportait et je me laissais vite séduire par ce vieux fou. Je le croyais prince de quelque royaume fantastique, sorcier magnifique ou compagnon de lutins. Je l'interrogeais, émerveillé par ses histoires de loups dans la nuit, de hérissons, de hiboux, par ses anecdotes pittoresques, ses aventures avec son vélo sur les petites routes de campagne... Cet homme fut un des rêves ayant nourri mon imaginaire infantile.
Puis je grandis. Alors mon regard sur les choses de ce monde changea. Le merveilleux personnage que je m'étais figuré était devenu un pauvre type analphabète, inculte, sans conversation, aux allures douteuses et ne s'intéressant qu'aux bistrots. Ce "Saint-Denis" n'était pour moi plus qu'un vieux garçon minable et sans intérêt qui vivait dans une cabane sordide.
Le jour où je pris conscience de cela, ce jour-là je devins adulte.
Mais le jour où je pris conscience, bien plus tard, que mon regard avait à ce point changé, ce jour-là je décidai de redevenir enfant. Et je ne voulus plus jamais être adulte.
Raphaël Zacharie de Izarra
27 - La verrière
Vers l'âge de huit ans une réalité insoupçonnée s'est révélée à moi à Warloy-Baillon. Mon quotidien s'est déchiré, laissant apparaître une lumière à laquelle peu d'êtres ont accès. Rares sont ceux qui dans leur vie ont ainsi été initiés à la subtilité des choses que je vais relater.
Je baguenaudais seul dans la rue, puéril et insouciant, cherchant la distraction comme il est de coutume chez les gens de mon âge... Chemin faisant, je m'arrêtai devant une maison en briques. Je connaissais depuis toujours cette demeure habitée par de vieilles gens aux us désuets (les Francières, nos voisins de la rue du Général Leclerc). Elle faisait partie de mon décor. C'était une fort belle maison, cossue, bourgeoise, quoique austère.
Je n'avais jamais prêté attention à ces murs, sauf peut-être pour m'affliger de leur tristesse, de la gravité de ses occupants. Une grande verrière coiffait le toit. Surannée, imposante, ouvragée avec d'inutiles raffinements, cette verrière garnie de vitraux teintés m'avait toujours semblé cacher quelque salon solennel, sombre et poussiéreux. Je songeais à un presbytère sinistre, à un cloître plein de vieux livres de latin, à un refuge de vieilles dames ennuyeuses...
Mais là, un sentiment inconnu m'envahit. Je vis autre chose que cette sévère, cérémonielle verrière qui m'avait toujours inspiré morosité, pesanteur, archaïsme. Pour la première fois je lui trouvai des attraits étranges, troublants. Derrière l'apparence, je voyais l'invisible. C'était nouveau pour moi.
Une porte s'était ouverte.
Je découvrais avec étonnement que les choses -décors, maisons, objets, insignifiances, détails- bornant le quotidien dans sa réalité la plus banale, la plus terne, cachaient en fait des horizons sans fin. La verrière devenait pour moi un pont entre le visible et le dissimulé. Je ne croyais plus en la simplicité du roc, en la brutalité de la matière, en la grossièreté des apparences. Le monde portait un masque. A travers le sombre vitrage je venais de capter un rai de lumière issu de la face cachée des choses.
Les épais, denses, lourds vitraux composant la verrière me disaient la finesse de leurs effets, la délicatesse de leurs pensées, la légèreté de leur spectre, la profondeur de leurs réflexions, la hauteur de leur esprit...
Ainsi la pierre était vive... Dans la verrière, un souffle, un sortilège, une âme !
Par ses reflets de vérités immatérielles, la verrière me racontait qui j'étais en réalité dans ce monde de mirages palpables. Elle me révélait que celui que j'étais était bien mieux qu'une simple part de matière... J'avais huit ans et je sus désormais que toute chose avait sa face cachée, éthérée, infinie. Jamais je ne me suis remis de l'enchantement. Le Mystère, la Beauté, la Vie sont entrés humblement en moi à travers la verrière.
Raphaël Zacharie de Izarra
Je baguenaudais seul dans la rue, puéril et insouciant, cherchant la distraction comme il est de coutume chez les gens de mon âge... Chemin faisant, je m'arrêtai devant une maison en briques. Je connaissais depuis toujours cette demeure habitée par de vieilles gens aux us désuets (les Francières, nos voisins de la rue du Général Leclerc). Elle faisait partie de mon décor. C'était une fort belle maison, cossue, bourgeoise, quoique austère.
Je n'avais jamais prêté attention à ces murs, sauf peut-être pour m'affliger de leur tristesse, de la gravité de ses occupants. Une grande verrière coiffait le toit. Surannée, imposante, ouvragée avec d'inutiles raffinements, cette verrière garnie de vitraux teintés m'avait toujours semblé cacher quelque salon solennel, sombre et poussiéreux. Je songeais à un presbytère sinistre, à un cloître plein de vieux livres de latin, à un refuge de vieilles dames ennuyeuses...
Mais là, un sentiment inconnu m'envahit. Je vis autre chose que cette sévère, cérémonielle verrière qui m'avait toujours inspiré morosité, pesanteur, archaïsme. Pour la première fois je lui trouvai des attraits étranges, troublants. Derrière l'apparence, je voyais l'invisible. C'était nouveau pour moi.
Une porte s'était ouverte.
Je découvrais avec étonnement que les choses -décors, maisons, objets, insignifiances, détails- bornant le quotidien dans sa réalité la plus banale, la plus terne, cachaient en fait des horizons sans fin. La verrière devenait pour moi un pont entre le visible et le dissimulé. Je ne croyais plus en la simplicité du roc, en la brutalité de la matière, en la grossièreté des apparences. Le monde portait un masque. A travers le sombre vitrage je venais de capter un rai de lumière issu de la face cachée des choses.
Les épais, denses, lourds vitraux composant la verrière me disaient la finesse de leurs effets, la délicatesse de leurs pensées, la légèreté de leur spectre, la profondeur de leurs réflexions, la hauteur de leur esprit...
Ainsi la pierre était vive... Dans la verrière, un souffle, un sortilège, une âme !
Par ses reflets de vérités immatérielles, la verrière me racontait qui j'étais en réalité dans ce monde de mirages palpables. Elle me révélait que celui que j'étais était bien mieux qu'une simple part de matière... J'avais huit ans et je sus désormais que toute chose avait sa face cachée, éthérée, infinie. Jamais je ne me suis remis de l'enchantement. Le Mystère, la Beauté, la Vie sont entrés humblement en moi à travers la verrière.
Raphaël Zacharie de Izarra
26 - Hauteur de vue
A Albert, petite ville de la Somme, est sise une basilique. Une Vierge dorée, entrée dans l'Histoire lors de la Grande Guerre, domine l'édifice. Pour les albertains, braves gens du nord, la séculaire dorure est devenue invisible.
Moi j'y vois mille feux, une auréole, une perle d'or au-dessus de la cité. J'aime à lever les yeux au ciel, à la rencontre de l'hôte des nues.
Mon regard embrasse ciel et cime, et face à cet horizon vertigineux je chancelle avec délices, isolé du monde. La flèche mariale de la basilique me désigne des espaces intérieurs sans borne. Enivré d'or et d'azur, j'accède à des hauteurs de conscience inédites.
J'oublie la terre, et pars vers l'Empyrée, saluant oiseaux, astres, désincarnés. Des ailes m'emportent, des anges me parlent, des passants m'observent... Je redescends de mes sommets, le regard à hauteur humaine pour adresser quelque parole à mes frères albertains.
Je leur parle de la pluie, du beau temps. Ils sont contents. Je leur parle de l'état du ciel, de l'état de leurs finances, de l'état de leur voiture. Mais surtout pas de la Vierge dorée. Ils me comprennent, acquiescent, me donnent raison.
Enfin je les laisse au pied de la basilique, songeurs, hilares ou bien placides. Dans leur tête, des rouages de mécanique d'automobile, des inquiétudes météorologiques, des espérances bancaires.
Et je poursuis mon vol, plein de pitié pour mes semblables albertains, l'âme plus légère que jamais, le pas comme une aile, le coeur libéré des dernières pesanteurs terrestres.
Raphaël Zacharie de Izarra
Moi j'y vois mille feux, une auréole, une perle d'or au-dessus de la cité. J'aime à lever les yeux au ciel, à la rencontre de l'hôte des nues.
Mon regard embrasse ciel et cime, et face à cet horizon vertigineux je chancelle avec délices, isolé du monde. La flèche mariale de la basilique me désigne des espaces intérieurs sans borne. Enivré d'or et d'azur, j'accède à des hauteurs de conscience inédites.
J'oublie la terre, et pars vers l'Empyrée, saluant oiseaux, astres, désincarnés. Des ailes m'emportent, des anges me parlent, des passants m'observent... Je redescends de mes sommets, le regard à hauteur humaine pour adresser quelque parole à mes frères albertains.
Je leur parle de la pluie, du beau temps. Ils sont contents. Je leur parle de l'état du ciel, de l'état de leurs finances, de l'état de leur voiture. Mais surtout pas de la Vierge dorée. Ils me comprennent, acquiescent, me donnent raison.
Enfin je les laisse au pied de la basilique, songeurs, hilares ou bien placides. Dans leur tête, des rouages de mécanique d'automobile, des inquiétudes météorologiques, des espérances bancaires.
Et je poursuis mon vol, plein de pitié pour mes semblables albertains, l'âme plus légère que jamais, le pas comme une aile, le coeur libéré des dernières pesanteurs terrestres.
Raphaël Zacharie de Izarra
25 - Une bière blonde
C'était un dimanche monotone. Dans la basilique la messe venait de finir. Le ciel était gris, les cloches sonnaient à toute volée pendant que les fidèles s'éparpillaient.
Imbécilement, les hommes ne disaient rien. Pieusement, les femmes se taisaient. Les passants étaient muets et les cloches redoublaient de fureur. Le rond-point plongé dans la torpeur n'était traversé que par quelque silhouette insignifiante. Le monument aux morts s'ennuyait à mourir sur la place désertée. Dans la rue les yeux étaient vides, dans les bars les verres étaient pleins.
Bref, les hommes passaient humblement le temps dans cette petite ville de province sans histoire. Avec ce regard méditatif et mélancolique propre aux âmes rêveuses, je m'attardais sur les choses les plus banales et les êtres les plus modestes qui entraient en scène sous mes yeux. Ce spectacle morne et dérisoire m'inspirait une nostalgie sans objet. Mon spleen était un délice, je le savourais en esthète.
Je voyais tout cela à travers la vitre du bar qui donnait sur la basilique. Plus précisément, je voyais tout cela à travers les vapeurs de la bière qui me montaient à la tête et qui me rendaient encore plus contemplatif qu'à l'accoutumée... Et le monde soudain dansait au-dessus de ma tête, et des fantômes joyeux tournaient autour de moi dans le fracas agréable des cloches... A mes pieds traînaient quelques vieux mégots écrasés. Tandis que dehors le concert d'airain berçait mon ivresse, à travers la vitre du bar je levai les yeux vers le sommet de la basilique où trônait la statue de la Vierge recouverte d'or.
Les vapeurs de la bière continuaient à m'enivrer progressivement. L'éther montant en moi, je vis les premiers sourires apparaître sur les visages. Les assoiffés accoudés au bar, tous marqués à divers degrés par des moeurs éthyliques héréditaires, étaient devenus mes frères de perdition. Je détournai cependant assez vite le regard de cette assemblée de nez pourpres et de casquettes épaisses.
A présent le son des cloches de la basilique s'espaçait tout en diminuant graduellement d'intensité. Bientôt un silence mortel régna dans la rue ainsi que dans le bar. En effet, les buveurs n'ayant brusquement plus rien à se dire, ils se turent stupidement. Mais leur silence me parut plein de discernement, de pénétration, de profondeur. Je levai une fois encore les yeux vers la statue mariale et en ressentis un délicieux vertige. Le démon de la bière m'emportait toujours plus haut sur ses ailes ambrées... Je n'étais plus seul. En moi un feu du diable brûlait, j'étais aux anges.
Tout autour de moi était devenu statique. Il ne se passait rien dans le bar, rien dans la rue, rien dans les têtes ni dans les coeurs. C'était la province un dimanche, ça respirait l'ennui, le petit blanc sec et la léthargie, et les gens n'avaient rien à faire. Tout n'était que mollesse et temps qui passe, monotonie et repli sur soi. Mais dans ma tête se concertaient avec finesse et éclat Bacchus et la Vierge dorée : un instant de grâce dans un monde de parfaits abrutis.
La ville était morte et s'appelait Albert.
Raphaël Zacharie de Izarra
Imbécilement, les hommes ne disaient rien. Pieusement, les femmes se taisaient. Les passants étaient muets et les cloches redoublaient de fureur. Le rond-point plongé dans la torpeur n'était traversé que par quelque silhouette insignifiante. Le monument aux morts s'ennuyait à mourir sur la place désertée. Dans la rue les yeux étaient vides, dans les bars les verres étaient pleins.
Bref, les hommes passaient humblement le temps dans cette petite ville de province sans histoire. Avec ce regard méditatif et mélancolique propre aux âmes rêveuses, je m'attardais sur les choses les plus banales et les êtres les plus modestes qui entraient en scène sous mes yeux. Ce spectacle morne et dérisoire m'inspirait une nostalgie sans objet. Mon spleen était un délice, je le savourais en esthète.
Je voyais tout cela à travers la vitre du bar qui donnait sur la basilique. Plus précisément, je voyais tout cela à travers les vapeurs de la bière qui me montaient à la tête et qui me rendaient encore plus contemplatif qu'à l'accoutumée... Et le monde soudain dansait au-dessus de ma tête, et des fantômes joyeux tournaient autour de moi dans le fracas agréable des cloches... A mes pieds traînaient quelques vieux mégots écrasés. Tandis que dehors le concert d'airain berçait mon ivresse, à travers la vitre du bar je levai les yeux vers le sommet de la basilique où trônait la statue de la Vierge recouverte d'or.
Les vapeurs de la bière continuaient à m'enivrer progressivement. L'éther montant en moi, je vis les premiers sourires apparaître sur les visages. Les assoiffés accoudés au bar, tous marqués à divers degrés par des moeurs éthyliques héréditaires, étaient devenus mes frères de perdition. Je détournai cependant assez vite le regard de cette assemblée de nez pourpres et de casquettes épaisses.
A présent le son des cloches de la basilique s'espaçait tout en diminuant graduellement d'intensité. Bientôt un silence mortel régna dans la rue ainsi que dans le bar. En effet, les buveurs n'ayant brusquement plus rien à se dire, ils se turent stupidement. Mais leur silence me parut plein de discernement, de pénétration, de profondeur. Je levai une fois encore les yeux vers la statue mariale et en ressentis un délicieux vertige. Le démon de la bière m'emportait toujours plus haut sur ses ailes ambrées... Je n'étais plus seul. En moi un feu du diable brûlait, j'étais aux anges.
Tout autour de moi était devenu statique. Il ne se passait rien dans le bar, rien dans la rue, rien dans les têtes ni dans les coeurs. C'était la province un dimanche, ça respirait l'ennui, le petit blanc sec et la léthargie, et les gens n'avaient rien à faire. Tout n'était que mollesse et temps qui passe, monotonie et repli sur soi. Mais dans ma tête se concertaient avec finesse et éclat Bacchus et la Vierge dorée : un instant de grâce dans un monde de parfaits abrutis.
La ville était morte et s'appelait Albert.
Raphaël Zacharie de Izarra
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L'eau, la bière, l'écume...
24 - Debout les villageois !
Il a plu des obus certains jours autour de Warloy-Baillon. Aujourd'hui on s'ennuie à mourir dans cette petite cité. Pourtant la « soporifique couveuse » est riche de sites et d'événements. En effet, Warloy est entouré d'authentiques Blockhaus, de champs encore « minés, plombés », de quelques jolis bois et surtout de riants chemins de craie. Mais rien n'y fait. Plongé dans sa progressive torpeur, sa coutumière grisaille et ses provinciales habitudes, le village se meurt.
Le sifflement des obus est bien loin aujourd'hui. Les trépassés se reposent. Les survivants de la « 14 » sont partis. Il n'y a plus rien à dire à présent, puisque plus personne ne raconte, puisque les habitants de Warloy ne causent plus qu'avec leur télévision le soir, puisque le village est mort d'être éternel village.
A Warloy-Baillon aucun train ne passe, nul oiseau venu d'ailleurs ne vient se poser, rien ne vient distraire la morosité ambiante. Warloy-Baillon est une terre sans plus d'histoires. Dans cette modeste paroisse comme dans tant d'autres en cette fin de siècle, les vivants semblent dormir sous les toits d'ardoise d'un même sommeil que les morts du cimetière dans leur lit de marbre. Et à présent on ne voit plus que des fantômes dans les rues de Warloy-Baillon. Plus rien ne peut réveiller ses habitants.
L'ennemi n'est plus le traditionnel Allemand de la « 14 », mais le silence et la boue. On bâille ferme à Warloy-Baillon.
Warloy s'enfonce, s'enlise, se fige : il ne s'y passe pas grand-chose. Les cloches de l'antique église semblent sonner les heures pour rien, pour personne : tout demeure pétrifié au son clair de l'airain. Hommes et bêtes. Même les anges s'ennuient là-bas, et le dimanche à l'heure de la messe l'église est désertée.
La commune est une tombe. Muette. Grise. Pesante. Mortelle.
Bienvenue à « Terminus-City » !
Raphaël Zacharie de Izarra
Le sifflement des obus est bien loin aujourd'hui. Les trépassés se reposent. Les survivants de la « 14 » sont partis. Il n'y a plus rien à dire à présent, puisque plus personne ne raconte, puisque les habitants de Warloy ne causent plus qu'avec leur télévision le soir, puisque le village est mort d'être éternel village.
A Warloy-Baillon aucun train ne passe, nul oiseau venu d'ailleurs ne vient se poser, rien ne vient distraire la morosité ambiante. Warloy-Baillon est une terre sans plus d'histoires. Dans cette modeste paroisse comme dans tant d'autres en cette fin de siècle, les vivants semblent dormir sous les toits d'ardoise d'un même sommeil que les morts du cimetière dans leur lit de marbre. Et à présent on ne voit plus que des fantômes dans les rues de Warloy-Baillon. Plus rien ne peut réveiller ses habitants.
L'ennemi n'est plus le traditionnel Allemand de la « 14 », mais le silence et la boue. On bâille ferme à Warloy-Baillon.
Warloy s'enfonce, s'enlise, se fige : il ne s'y passe pas grand-chose. Les cloches de l'antique église semblent sonner les heures pour rien, pour personne : tout demeure pétrifié au son clair de l'airain. Hommes et bêtes. Même les anges s'ennuient là-bas, et le dimanche à l'heure de la messe l'église est désertée.
La commune est une tombe. Muette. Grise. Pesante. Mortelle.
Bienvenue à « Terminus-City » !
Raphaël Zacharie de Izarra
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Vidéo : "Warloy-Baillon"
23 - Du côté de Warloy-Baillon
A pied, à bicyclette ou en voiture, lorsque vous arrivez de la route de Hénencourt, gravissant l'ultime côte raide et sèche qui précède la formidable plongée vers le bourg, vous surplombez soudain un monde qui semble s'annoncer à part. Au sommet de cette pente vous êtes sur le bord d'une cuvette naturelle et embrassez du regard une plaine vaste tachée de toits et de briques rouges d'où s'érige un clocher massif, le tout entouré, protégé par de grands carrés de terres aux sillons beaux et droits... Vous êtes à Warloy‑Baillon !
A l'horizon gauche de l'endroit où vous vous trouvez, vous apercevez un moulin abandonné, relique irréelle, poétique, décor suprême d'un univers pastoral lyrique et joyeux... Derrière un voile de brume, l'apparition sera saisissante ! Depuis cette hauteur enchanteresse, l'oeil attentif et indiscret retient de ce tableau paisible tout un univers intime, retiré et mystérieux, un petit monde où semblent s'être réfugiés les secrets champêtres les plus charmants.
Déboulant de ce versant pittoresque qui mène à la cité, vous pouvez goûter les premiers charmes bucoliques de Warloy-Baillon. En fait vous êtes là à Baillon... Un petit pont vous salue dès l'entrée et, arpentant bientôt la montée sinueuse qui démarre de l'église pour finir sur la rue du Général Leclerc, vous débouchez par là-même dans Warloy (« par en haut », a-t-on coutume de dire). Et vous avez alors traversé en son coeur l'agglomération, reliant ainsi en quelques pas flâneurs ‑ si vous êtes à pieds ‑ les deux parties graduelles du village.
Puis vous vous dirigez vers "le chemin d'Harponville" et là, vous pénétrez dans un domaine autrement secret, celui qui a marqué à l'encre de la Vie une jeune âme : la mienne. Onirique, mélancolique et radieuse, telle fut mon enfance à Warloy-Baillon.
Oui, mon pays, mes marques, mes nostalgies, c'est Warloy‑Baillon. C'est le chemin d'Harponville, ruban de craie immaculé, bordé de coquelicots. Enfant, ce chemin me semblait se perdre à l'infini vers des horizons fabuleux, idéals inaccessibles...
Exilé de ce berceau de mes vertes années, je repense avec tendresse à mon village. Warloy‑Baillon c'était pour moi comme une personne, un ami. Son sourire c'était le clair azur, sa voix le vent du nord, ses pleurs les pluies mornes. Profonde était la sérénité lorsque tombait sur les toits la lumière des étoiles... J'étais heureux à Warloy‑Baillon, premier paradis de ma vie, verger de mon enfance.
Mais Warloy‑Baillon c'est aussi une plaine mélancolique et pesante, c'est des hiboux que l'on dérange près du "bois Darras", des peupliers et de la craie blanche ‑ éclatante au soleil d'été -, des papillons, blancs eux aussi... Au détour de quelque chemin poussiéreux, des coquelicots encerclent des blockhaus. Les grandes chaleurs parfois sont solennelles et profondes : dans un silence de mort perce la flore et repose la ruine.
Au loin, le chant des alouettes. Sous les pieds, les soupirs de l'Histoire. Partout, des terres semées de feu et de fer. Oui, la "Der des der" est passée à Warloy... Et c'est peut-être à cause de ça que vous tiendrez encore plus à ce pays de plaine et de vent.
Et lorsque de ce pays qui est le mien vous lèverez les yeux le soir vers les étoiles, vers ces constellations mythologiques qui brillent éternellement au-dessus du monde, n'omettez pas de leur adresser une ou deux pensées pour moi, elles me parviendront. De mon pays d'exil, je les regarde chaque soir.
Raphaël Zacharie de Izarra
A l'horizon gauche de l'endroit où vous vous trouvez, vous apercevez un moulin abandonné, relique irréelle, poétique, décor suprême d'un univers pastoral lyrique et joyeux... Derrière un voile de brume, l'apparition sera saisissante ! Depuis cette hauteur enchanteresse, l'oeil attentif et indiscret retient de ce tableau paisible tout un univers intime, retiré et mystérieux, un petit monde où semblent s'être réfugiés les secrets champêtres les plus charmants.
Déboulant de ce versant pittoresque qui mène à la cité, vous pouvez goûter les premiers charmes bucoliques de Warloy-Baillon. En fait vous êtes là à Baillon... Un petit pont vous salue dès l'entrée et, arpentant bientôt la montée sinueuse qui démarre de l'église pour finir sur la rue du Général Leclerc, vous débouchez par là-même dans Warloy (« par en haut », a-t-on coutume de dire). Et vous avez alors traversé en son coeur l'agglomération, reliant ainsi en quelques pas flâneurs ‑ si vous êtes à pieds ‑ les deux parties graduelles du village.
Puis vous vous dirigez vers "le chemin d'Harponville" et là, vous pénétrez dans un domaine autrement secret, celui qui a marqué à l'encre de la Vie une jeune âme : la mienne. Onirique, mélancolique et radieuse, telle fut mon enfance à Warloy-Baillon.
Oui, mon pays, mes marques, mes nostalgies, c'est Warloy‑Baillon. C'est le chemin d'Harponville, ruban de craie immaculé, bordé de coquelicots. Enfant, ce chemin me semblait se perdre à l'infini vers des horizons fabuleux, idéals inaccessibles...
Exilé de ce berceau de mes vertes années, je repense avec tendresse à mon village. Warloy‑Baillon c'était pour moi comme une personne, un ami. Son sourire c'était le clair azur, sa voix le vent du nord, ses pleurs les pluies mornes. Profonde était la sérénité lorsque tombait sur les toits la lumière des étoiles... J'étais heureux à Warloy‑Baillon, premier paradis de ma vie, verger de mon enfance.
Mais Warloy‑Baillon c'est aussi une plaine mélancolique et pesante, c'est des hiboux que l'on dérange près du "bois Darras", des peupliers et de la craie blanche ‑ éclatante au soleil d'été -, des papillons, blancs eux aussi... Au détour de quelque chemin poussiéreux, des coquelicots encerclent des blockhaus. Les grandes chaleurs parfois sont solennelles et profondes : dans un silence de mort perce la flore et repose la ruine.
Au loin, le chant des alouettes. Sous les pieds, les soupirs de l'Histoire. Partout, des terres semées de feu et de fer. Oui, la "Der des der" est passée à Warloy... Et c'est peut-être à cause de ça que vous tiendrez encore plus à ce pays de plaine et de vent.
Et lorsque de ce pays qui est le mien vous lèverez les yeux le soir vers les étoiles, vers ces constellations mythologiques qui brillent éternellement au-dessus du monde, n'omettez pas de leur adresser une ou deux pensées pour moi, elles me parviendront. De mon pays d'exil, je les regarde chaque soir.
Raphaël Zacharie de Izarra
22 - Les visiteurs
Qui se doute de quelque chose à Warloy-Baillon ?
Un petit village comme tant d'autres. La nuit, la calme cité devient pourtant le théâtre de phénomènes mystérieux...
Le village est hanté.
Tandis que les habitants sont enchaînés à l'aile de Morphée, des êtres s'ébattent à leur insu. Au-dessus des toits, aux alentours des bois, au bord des allées, tout près des chemins qui entourent les jardins, jusqu'à proximité des habitations, partout ils se glissent.
Lorsque la Lune paraît, plusieurs fois l'an le village se peuple d'hôtes fabuleux, de personnages merveilleux, d'êtres féeriques. En cet endroit précis du monde et de la nuit se donnent rendez-vous pour des festivités irréelles les chimères illustres d'un monde révolu : le peuple de l'Olympe.
On douterait d'un tel prodige dans des lieux si humbles... Je fus témoin de ce mystère cependant : alors que je contemplais la Lune tout en errant sur les chemins autour du village, je fus invité par la prestigieuse société mythologique à m'associer à ses festivités nocturnes. Je me suis mêlé à cette assemblée fantastique aux allures de légendes pour qui Warloy-Baillon est le lieu béni pour ses réunions de fêtes !
Je n'avais jamais vu pareille assistance au village : rien que des créatures éthérées, linéales, aux traits hellènes et d'une prestance très digne qui m'impressionnait beaucoup. Tout ce petit monde dansait, riait, volait, planait autour de moi, en s'éparpillant progressivement à travers les chemins, les champs, les bois et les nues. Quelques-unes de ces augustes et brillantes personnes jouaient de la musique, mais pas trop fort, sauf au fond des bois, pour ne pas alerter les dormeurs du village.
Mais que fêtaient donc ces étranges noctambules qui, de toutes parts, encerclaient le bourg plongé dans le sommeil ? Qu'est-ce qui, à Warloy-Baillon, pouvait attirer une troupe céleste si estimable ?
Ils fêtaient simplement le charme bucolique des lieux. Pour eux Warloy-Baillon est un exemple d'humble beauté, simple, sans prétention.
Beauté ordinaire mais formelle des lignes du paysage, équilibre banal des formes savamment ordonnées par la nature. Une grâce champêtre tellement coutumière aux habitants du village qu'ils ne la voient plus.
J'étais heureux de constater que Warloy-Baillon pouvait susciter un tel enthousiasme de la part de ces êtres sortis de je ne sais où, ravi de découvrir chez eux cette capacité d'émerveillement, comblé de savoir qu'à travers ce sol crayeux, ces sentiers délaissés, négligés, ces êtres avaient trouvé une espèce d'éden temporel digne de leurs réjouissances : ils oubliaient le reste du monde, la Grèce, l'Olympe, le ciel et Homère, au moins quelques nuits par an, pour savourer les terres mélancoliques, enchanteresses de Warloy-Baillon.
Ils ne parlaient presque pas. Je n'entendais que leur musique au loin qui se mêlait au vent, s'insinuait dans les rues du village, jusqu'à la porte de chaque demeure, au seuil de chaque foyer : la brise du Nord portait le chant de leurs flûtes.
La musique qu'ils jouaient autour du village, c'était une façon paisible de ceindre le monde, une manière de le considérer sans heurt, globalement, avec un sourire au coeur, car à Warloy-Baillon tout n'est que courbes mesurées et angles sans excès. Rien de particulier ne retient l'attention au premier abord... Ses charmes sont bien cachés, et les profanes ne s'attardent pas à Warloy-Baillon.
Seuls ces êtres singuliers sont véritablement au centre de leur monde à Warloy-Baillon. Le paysage entier formant, selon eux, une unité dont ils font intimement partie, entre moulin et clocher, monts et bois, plaine et sentiers.
Monsieur le Maire, ces toits sur lesquels vous veillez, ces allées et avenues dont vous avez le soin, ces places coquettes qui font honneur à votre nom, cette localité enfin qui respire sous votre autorité, c'est le séjour des dieux.
Tous à Warloy-Baillon dormez à poings fermés : sur vos nuits veillent d'inoffensifs génies, des anges en quelque sorte.
Raphaël Zacharie de Izarra
Un petit village comme tant d'autres. La nuit, la calme cité devient pourtant le théâtre de phénomènes mystérieux...
Le village est hanté.
Tandis que les habitants sont enchaînés à l'aile de Morphée, des êtres s'ébattent à leur insu. Au-dessus des toits, aux alentours des bois, au bord des allées, tout près des chemins qui entourent les jardins, jusqu'à proximité des habitations, partout ils se glissent.
Lorsque la Lune paraît, plusieurs fois l'an le village se peuple d'hôtes fabuleux, de personnages merveilleux, d'êtres féeriques. En cet endroit précis du monde et de la nuit se donnent rendez-vous pour des festivités irréelles les chimères illustres d'un monde révolu : le peuple de l'Olympe.
On douterait d'un tel prodige dans des lieux si humbles... Je fus témoin de ce mystère cependant : alors que je contemplais la Lune tout en errant sur les chemins autour du village, je fus invité par la prestigieuse société mythologique à m'associer à ses festivités nocturnes. Je me suis mêlé à cette assemblée fantastique aux allures de légendes pour qui Warloy-Baillon est le lieu béni pour ses réunions de fêtes !
Je n'avais jamais vu pareille assistance au village : rien que des créatures éthérées, linéales, aux traits hellènes et d'une prestance très digne qui m'impressionnait beaucoup. Tout ce petit monde dansait, riait, volait, planait autour de moi, en s'éparpillant progressivement à travers les chemins, les champs, les bois et les nues. Quelques-unes de ces augustes et brillantes personnes jouaient de la musique, mais pas trop fort, sauf au fond des bois, pour ne pas alerter les dormeurs du village.
Mais que fêtaient donc ces étranges noctambules qui, de toutes parts, encerclaient le bourg plongé dans le sommeil ? Qu'est-ce qui, à Warloy-Baillon, pouvait attirer une troupe céleste si estimable ?
Ils fêtaient simplement le charme bucolique des lieux. Pour eux Warloy-Baillon est un exemple d'humble beauté, simple, sans prétention.
Beauté ordinaire mais formelle des lignes du paysage, équilibre banal des formes savamment ordonnées par la nature. Une grâce champêtre tellement coutumière aux habitants du village qu'ils ne la voient plus.
J'étais heureux de constater que Warloy-Baillon pouvait susciter un tel enthousiasme de la part de ces êtres sortis de je ne sais où, ravi de découvrir chez eux cette capacité d'émerveillement, comblé de savoir qu'à travers ce sol crayeux, ces sentiers délaissés, négligés, ces êtres avaient trouvé une espèce d'éden temporel digne de leurs réjouissances : ils oubliaient le reste du monde, la Grèce, l'Olympe, le ciel et Homère, au moins quelques nuits par an, pour savourer les terres mélancoliques, enchanteresses de Warloy-Baillon.
Ils ne parlaient presque pas. Je n'entendais que leur musique au loin qui se mêlait au vent, s'insinuait dans les rues du village, jusqu'à la porte de chaque demeure, au seuil de chaque foyer : la brise du Nord portait le chant de leurs flûtes.
La musique qu'ils jouaient autour du village, c'était une façon paisible de ceindre le monde, une manière de le considérer sans heurt, globalement, avec un sourire au coeur, car à Warloy-Baillon tout n'est que courbes mesurées et angles sans excès. Rien de particulier ne retient l'attention au premier abord... Ses charmes sont bien cachés, et les profanes ne s'attardent pas à Warloy-Baillon.
Seuls ces êtres singuliers sont véritablement au centre de leur monde à Warloy-Baillon. Le paysage entier formant, selon eux, une unité dont ils font intimement partie, entre moulin et clocher, monts et bois, plaine et sentiers.
Monsieur le Maire, ces toits sur lesquels vous veillez, ces allées et avenues dont vous avez le soin, ces places coquettes qui font honneur à votre nom, cette localité enfin qui respire sous votre autorité, c'est le séjour des dieux.
Tous à Warloy-Baillon dormez à poings fermés : sur vos nuits veillent d'inoffensifs génies, des anges en quelque sorte.
Raphaël Zacharie de Izarra
(Cliquez sur le bouton "PLAY" de la vidéo)
Vidéo : "Bruits de pas dans l'église"
samedi 8 mars 2008
21 - Ché picards des camps
(Les picards des champs)
Mortels sont certains villages picards à la morne saison. Sous la pluie, la brique rouge devient grise et les gouttières qui débordent hantent les âmes de leur chant monotone. Alors les casquettes longent les murs, les aboiements deviennent déprimants et les clochers lugubres. Triste est la terre du nord quand on en exhume les betteraves à sucre, sombre est le ciel de là-bas à la récolte des endives qu'on épluche devant l'âtre... Le temps des patates cependant réjouit les coeurs picards : la frite jaune -qu'accompagne la bière dorée- égaient ce pays de peupliers et de crachin.
Les chemins de craie sous l'onde mènent vers des horizons pleins d'ennui : la terre promise autour de ces villages d'enterrés est faite de peine et de larmes, de langueur et de grisaille. Le souvenir des batailles de la "14" est partout, et les corbeaux avec leurs plaintes funèbres donnent du relief au lointain trop plat.
Le soir au troquet le tabac est âcre et le jus sent la gnôle, les moustaches sont épaisses et les mots toujours les mêmes. Mais les coeurs restent grands ouverts. Dans les brumes de l'ivresse on cause chasse, pièges-à-loups, charbon, saucisses, braconnage, femmes.
Dans les rues désertes les nuits sont de longs rêves humides et glacés.
L'aube sous les pleurs sans fin de l'automne est cafardeuse, la rosée lourde, le café exquis.
J'aime les trous perdus de la Picardie intime : c'est dans ces terres froides et trempées, noires et profondes que j'ai pris racine.
Raphaël Zacharie de Izarra
Mortels sont certains villages picards à la morne saison. Sous la pluie, la brique rouge devient grise et les gouttières qui débordent hantent les âmes de leur chant monotone. Alors les casquettes longent les murs, les aboiements deviennent déprimants et les clochers lugubres. Triste est la terre du nord quand on en exhume les betteraves à sucre, sombre est le ciel de là-bas à la récolte des endives qu'on épluche devant l'âtre... Le temps des patates cependant réjouit les coeurs picards : la frite jaune -qu'accompagne la bière dorée- égaient ce pays de peupliers et de crachin.
Les chemins de craie sous l'onde mènent vers des horizons pleins d'ennui : la terre promise autour de ces villages d'enterrés est faite de peine et de larmes, de langueur et de grisaille. Le souvenir des batailles de la "14" est partout, et les corbeaux avec leurs plaintes funèbres donnent du relief au lointain trop plat.
Le soir au troquet le tabac est âcre et le jus sent la gnôle, les moustaches sont épaisses et les mots toujours les mêmes. Mais les coeurs restent grands ouverts. Dans les brumes de l'ivresse on cause chasse, pièges-à-loups, charbon, saucisses, braconnage, femmes.
Dans les rues désertes les nuits sont de longs rêves humides et glacés.
L'aube sous les pleurs sans fin de l'automne est cafardeuse, la rosée lourde, le café exquis.
J'aime les trous perdus de la Picardie intime : c'est dans ces terres froides et trempées, noires et profondes que j'ai pris racine.
Raphaël Zacharie de Izarra
vendredi 7 mars 2008
20 - Warloy-Baillon, un village pas comme les autres...
J'ai parfaitement conscience que la vie est faite de l'accumulation de choses minuscules et que ce sont ces petites choses qui sont finalement importantes.
Sur le BLOG de Warloy-Baillon je ne fais que m'amuser des modestes préoccupations des villageois qu'ils transforment en montagnes... Et en même temps j'étudie les comportements de mes semblables ruraux en proie à leurs soucis du quotidien. C'est d'autant plus savoureux pour moi que je connais la plupart des intervenants sur le BLOG de Warloy-Baillon. Je regarde ces agitations provinciales en esthète, exactement comme Maupassant regardait ses contemporains. Je n'ai pas peur de la comparaison.
Je ne méprise aucunement ces gens, je m'amuse juste du caractère comiquement étriqué, pittoresque de leurs préoccupations électorales.
C'est du Maupassant, je le répète. Pour moi ce spectacle grandeur nature de mes semblables en train de s'étriper virtuellement pour des histoires de fumier sur la route ou de transfert de dépôt d'ordures d'une rue à une autre vaut tous les films de cinéma, tous les romans villageois ! Ce genre de chose existe encore en France, j'en profite avant que cette génération de "ruraux crottés" ne disparaisse...
Raphaël Zacharie de Izarra
Sur le BLOG de Warloy-Baillon je ne fais que m'amuser des modestes préoccupations des villageois qu'ils transforment en montagnes... Et en même temps j'étudie les comportements de mes semblables ruraux en proie à leurs soucis du quotidien. C'est d'autant plus savoureux pour moi que je connais la plupart des intervenants sur le BLOG de Warloy-Baillon. Je regarde ces agitations provinciales en esthète, exactement comme Maupassant regardait ses contemporains. Je n'ai pas peur de la comparaison.
Je ne méprise aucunement ces gens, je m'amuse juste du caractère comiquement étriqué, pittoresque de leurs préoccupations électorales.
C'est du Maupassant, je le répète. Pour moi ce spectacle grandeur nature de mes semblables en train de s'étriper virtuellement pour des histoires de fumier sur la route ou de transfert de dépôt d'ordures d'une rue à une autre vaut tous les films de cinéma, tous les romans villageois ! Ce genre de chose existe encore en France, j'en profite avant que cette génération de "ruraux crottés" ne disparaisse...
Raphaël Zacharie de Izarra
jeudi 6 mars 2008
19 - Le cirque
Novembre 1880, juste avant la tombée du jour.
Le petit cirque s'installe dans un pauvre village du nord de la France. Avec la pluie, le convoi s'est embourbé aux abords de la commune. Et, arrivés sur la place, hommes et bêtes -fatigués- doivent encore patauger dans une terre trempée. Sur la carriole une affiche crasseuse annonce les "numéros incroyables" et autres "tours de magicien".
Prodiges misérables qui éblouiront les ignares de ces lieux...
La venue des forains a déjà attiré laboureurs, enfants et commères. La pluie est glaciale, l'ambiance solennelle : tous observent ces "troubadours" aux têtes sinistres censés divertir les villageois, crottés eux aussi... Le glas n'en finit pas de se lamenter : une âme dans le village s'est éteinte vers la fin de l'après-midi. Mais le cirque est l'évènement exceptionnel du bourg, plus rare que la mort. Même le curé s'en émeut. Pensez : un cirque au village !
Après le souper les habitants, fébriles, s'agglutinent autour de la charrette des forains. La pluie s'est mêlée de neige fondue. Les plus pauvres n'ont pas eu droit aux places sous la bâche rapiécée. Qu'importe.
Que le spectacle commence !
Contre quelques sous on y voit une chèvre savante et famélique trembler de terreur sous la baguette d'un clown ombrageux à faire peur. Devant trente paires d'yeux écarquillés on sort un singe récalcitrant de sa cage pouilleuse pour une exhibition des plus exotiques. Le clou du spectacle. Quelques coups de bâton lui font réintégrer sa prison puante sans trop d'histoire. Un trompettiste lugubre joue un air connu des campagnes. La démonstration sonore fait pleurer deux ou trois enfants impressionnables. Un jongleur vêtu de haillons raconte des vieilles blagues. Personne ne rit vraiment mais tout le monde est fasciné par les trois balles passant d'une main à l'autre dans un "tourbillon céleste effarant" ! Une jeune enfant chante l'hymne patriotique, le regard triste, le ton blasé. Lorsque, la lèvre marquée par l'habitude de la chique, la mine crapuleuse, l'équilibriste se lance sur la corde tendue pour y gesticuler avec fausse maladresse, il répand sur l'assistance une odeur aigre de vinasse. La soirée s'achève sur un tour de passe-passe anodin exécuté par un magicien à l'air patibulaire. Tour raté d'ailleurs.
Le troupeau d'illettrés s'en retourne à ses masures, les sabots boueux, les têtes pleines de sons inconnus et de lumières inédites.
Le lendemain, sous de grosses flaques éclaboussant les bas de pantalons, la troupe d'artistes repart émerveiller d'autres villageois, là-bas au loin à trois kilomètres d'ici.
Raphaël Zacharie de Izarra
Le petit cirque s'installe dans un pauvre village du nord de la France. Avec la pluie, le convoi s'est embourbé aux abords de la commune. Et, arrivés sur la place, hommes et bêtes -fatigués- doivent encore patauger dans une terre trempée. Sur la carriole une affiche crasseuse annonce les "numéros incroyables" et autres "tours de magicien".
Prodiges misérables qui éblouiront les ignares de ces lieux...
La venue des forains a déjà attiré laboureurs, enfants et commères. La pluie est glaciale, l'ambiance solennelle : tous observent ces "troubadours" aux têtes sinistres censés divertir les villageois, crottés eux aussi... Le glas n'en finit pas de se lamenter : une âme dans le village s'est éteinte vers la fin de l'après-midi. Mais le cirque est l'évènement exceptionnel du bourg, plus rare que la mort. Même le curé s'en émeut. Pensez : un cirque au village !
Après le souper les habitants, fébriles, s'agglutinent autour de la charrette des forains. La pluie s'est mêlée de neige fondue. Les plus pauvres n'ont pas eu droit aux places sous la bâche rapiécée. Qu'importe.
Que le spectacle commence !
Contre quelques sous on y voit une chèvre savante et famélique trembler de terreur sous la baguette d'un clown ombrageux à faire peur. Devant trente paires d'yeux écarquillés on sort un singe récalcitrant de sa cage pouilleuse pour une exhibition des plus exotiques. Le clou du spectacle. Quelques coups de bâton lui font réintégrer sa prison puante sans trop d'histoire. Un trompettiste lugubre joue un air connu des campagnes. La démonstration sonore fait pleurer deux ou trois enfants impressionnables. Un jongleur vêtu de haillons raconte des vieilles blagues. Personne ne rit vraiment mais tout le monde est fasciné par les trois balles passant d'une main à l'autre dans un "tourbillon céleste effarant" ! Une jeune enfant chante l'hymne patriotique, le regard triste, le ton blasé. Lorsque, la lèvre marquée par l'habitude de la chique, la mine crapuleuse, l'équilibriste se lance sur la corde tendue pour y gesticuler avec fausse maladresse, il répand sur l'assistance une odeur aigre de vinasse. La soirée s'achève sur un tour de passe-passe anodin exécuté par un magicien à l'air patibulaire. Tour raté d'ailleurs.
Le troupeau d'illettrés s'en retourne à ses masures, les sabots boueux, les têtes pleines de sons inconnus et de lumières inédites.
Le lendemain, sous de grosses flaques éclaboussant les bas de pantalons, la troupe d'artistes repart émerveiller d'autres villageois, là-bas au loin à trois kilomètres d'ici.
Raphaël Zacharie de Izarra
18 - Une ascension fulgurante
Entre ciel et mer, quelques mouettes aux ailes immobiles se laissent porter mollement dans le vent. Par rafales des vagues viennent mourir sur le sable de la plage, déserte. Le soleil couchant de mai donne une teinte crépusculaire aux nuages qui stagnent à l'horizon. Ici, c'est un jour comme les autres. Cette côte du pays de France somnole. J'entends les mouettes crier et les flots rouler, tandis que l'astre rouge descend lentement dans le ciel avec de grands soupirs. On dirait que l'océan s'ennuie, que la faune fatiguée flâne aux hasards de l'onde et de l'air, dans les lueurs expirantes de ce soir de printemps.
Je suis seul, le regard perdu vers les étendues brumeuses. Je sens le vent frais du large sur mon front, et un frisson terrible secoue tout mon être. Une sensation inédite, profonde et ineffable transporte mon âme vers des immensités lointaines, inconnues... Intérieures. J'ai l'intuition qu'un grand destin m'attend ce soir. Déjà je crois gouverner l'océan : il me semble que chaque vague applaudit avant de se prosterner à mes pieds.
A présent je suis dans un train qui m'emmène vers Paris. Personne ne me connaît dans ce convoi qui file dans la nuit.
Il n'est pas encore minuit, je me faufile avec difficulté dans la foule compacte massée devant l'Hôtel Matignon. De toutes parts des cris fusent. De joie ou de dépit. Le climat est tendu. Les regards sont pénétrés. On chante, on se bouscule, on pleure aussi. Des noms sont scandés, de vives discussions s'engagent. On s'oppose violemment ou on se rallie dans les flammes de la passion. Dans la mêlée je reconnais quelques têtes célèbres.
J'entre dans le hall d'accueil de l'Hôtel Matignon où nul ne connaît mon visage. Le nouveau Président de la République vient d'être élu par le peuple. Il a déjà désigné un de ses proches comme principal membre de son gouvernement.
Dans quelques heures je serai Premier Ministre.
Raphaël Zacharie de Izarra
Je suis seul, le regard perdu vers les étendues brumeuses. Je sens le vent frais du large sur mon front, et un frisson terrible secoue tout mon être. Une sensation inédite, profonde et ineffable transporte mon âme vers des immensités lointaines, inconnues... Intérieures. J'ai l'intuition qu'un grand destin m'attend ce soir. Déjà je crois gouverner l'océan : il me semble que chaque vague applaudit avant de se prosterner à mes pieds.
A présent je suis dans un train qui m'emmène vers Paris. Personne ne me connaît dans ce convoi qui file dans la nuit.
Il n'est pas encore minuit, je me faufile avec difficulté dans la foule compacte massée devant l'Hôtel Matignon. De toutes parts des cris fusent. De joie ou de dépit. Le climat est tendu. Les regards sont pénétrés. On chante, on se bouscule, on pleure aussi. Des noms sont scandés, de vives discussions s'engagent. On s'oppose violemment ou on se rallie dans les flammes de la passion. Dans la mêlée je reconnais quelques têtes célèbres.
J'entre dans le hall d'accueil de l'Hôtel Matignon où nul ne connaît mon visage. Le nouveau Président de la République vient d'être élu par le peuple. Il a déjà désigné un de ses proches comme principal membre de son gouvernement.
Dans quelques heures je serai Premier Ministre.
Raphaël Zacharie de Izarra
17 - Buvez, warloysiens !
Le vin vaut bien vingt dieux, deux ou trois faux pas et quelques jurons ! Buvez car la vigne n'est pas mauvaise pour le coeur assoiffé. Buvez, des lutins dorés vous descendront dans le gosier. Buvez surtout de peur de vous noyer dans une eau qui nécessairement sera plate. Buvez, humains. Buvez, chiens que vous êtes ! Buvez, braves braillards ! Votre joie vous sanctifie, fait de vous des hommes.
L'ivresse est bonne, saine, féconde : elle délie les langues, rosit la sombre mélancolie, rallume les âmes. Et inspire toutes les natures. Le breuvage alcoolique bonifie les caractères, allège les idées et adoucit même les crapules.
Ce qui fait tourner les têtes fait monter les âmes.
Il n'y a que les fous qui chantent sous l'eau de pluie. Et vous les abstinents buvez plus que les autres car en vérité je vous le dis, le salut de votre gorge asséchée est dans la bière, le petit rosé et l'eau-de-vie. On prétend que le vin rend méchant, sot, imprudent. Fadaises ! Les corrompus, les ânes, les écervelés, ce sont les buveurs de lait ! Ces mesquins ne connaissent pas l'or de l'esprit. Méprisant les hauteurs éthyliques, ils ne sont jamais dans le secret des dieux de la bouteille. Ce bonheur à portée de lèvres, ils le boudent pour un oui, pour un non. Et ils meurent un jour. Sans feu, sans joie, sans bruit. Imbibés d'eau. Et ils font un petit plouf ! Et ils appellent cela "dignité"... Tandis que le buveur, hydraté avec l'onde dorée, brune ou verte, meurt à voix haute, la tête la première, le souffle vif, le coeur battant.
Et fait un magnifique plongeon.
Raphaël Zacharie de Izarra
L'ivresse est bonne, saine, féconde : elle délie les langues, rosit la sombre mélancolie, rallume les âmes. Et inspire toutes les natures. Le breuvage alcoolique bonifie les caractères, allège les idées et adoucit même les crapules.
Ce qui fait tourner les têtes fait monter les âmes.
Il n'y a que les fous qui chantent sous l'eau de pluie. Et vous les abstinents buvez plus que les autres car en vérité je vous le dis, le salut de votre gorge asséchée est dans la bière, le petit rosé et l'eau-de-vie. On prétend que le vin rend méchant, sot, imprudent. Fadaises ! Les corrompus, les ânes, les écervelés, ce sont les buveurs de lait ! Ces mesquins ne connaissent pas l'or de l'esprit. Méprisant les hauteurs éthyliques, ils ne sont jamais dans le secret des dieux de la bouteille. Ce bonheur à portée de lèvres, ils le boudent pour un oui, pour un non. Et ils meurent un jour. Sans feu, sans joie, sans bruit. Imbibés d'eau. Et ils font un petit plouf ! Et ils appellent cela "dignité"... Tandis que le buveur, hydraté avec l'onde dorée, brune ou verte, meurt à voix haute, la tête la première, le souffle vif, le coeur battant.
Et fait un magnifique plongeon.
Raphaël Zacharie de Izarra
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Vidéo : "Un verre, deux verres, trois verres..."
16 - Ca chauffe dans les rues de Warloy-Baillon...
DÉBAT ENTRE WARLOYSIENS
salut...!!!!! un petit peux pleins de vide ton forum
Ecrit par : loglys 11.01.2008
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A un mois des elections nous aimerions quand meme connaître votre programme ainsi que votre liste complete afin de nous faire une petite idée sur ce que vous proposer.Sinon a quoi sert ce site ?? a part faire de la délation sur le dos d'autrui
Ecrit par : JULIEN C 02.02.2008
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julien, tout vient à point à qui sait attendre, le programme(à la date de ton message)est défini et est en cours de formalisation.Le poker est à la mode en ce moment, il ne faut pas dévoiler ses cartes trop rapidement!De plus, tu parles de délation et je te retourne la question, pourquoi faire?Personnellement je pense et nous pensons que cela n'a jamais fait avancer les choses.En tout cas, j'ai le plaisir de voir que le blog fonctionne et ne va pas tarder a accueillir d'autres blogeur.Génial!@fabien
Ecrit par : fabien 04.02.2008
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Le poker est un jeux dangereux et parfois quand on ne prend pas la main de suite et que l'on laisse les autres abattre leurs cartes on se rend compte que l'on a manqué une belle main, mais je trouve cela fort interessant ,que de futur prétendant a des elections municipale se permettent de comparer leur campagne a un simple jeux de cartes.cela manque de serieux et de conviction ,pour ma part je pensse que si l'on veut etre les précurseur dans une idées ou un projet il faut se mouiller et annoncer sinon comment voulez vous défendre le fait que ce soit vous qui en ayez eu l'idée en premier je concluerais simplement en rebondissant sur les propos d'un anonymes en disant qu'aparement il n'y a pas que ce blog qui est un peu plein de vide
Ecrit par : JULIEN C 10.02.2008
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Bonjour Julien et merci de participer à ce blog.Tout d'abord,faut il s'avancer sur des sujets à la va-vite ou prendre soins de vous présenter des axes de travail cohérents?Quand à la comparaison avec le poker, cela ne reste que du premier degré il ne faut pas en déduire que la mairie peut être gérée de cette façon.Cependant, a plusieurs reprises j'ai affirmé que celle-ci devait être gérer comme une entreprise.Quand pense tu?De plus, je te rejoint tout à fait sur la volonté d'être des précurseurs dans des idées ou des projets,mais la aussi, faut-il bousculer les us et coutumes de notre commune?Au plaisir de te lire,salutations,Fabien.
Ecrit par : fabien 16.02.2008
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Ma foi une belle liste de bras cassés .On ne sait pas trop où ils vont mais ils y vont, tout droit et ils emmèneront avec eux notre pauvre village qui ne mérite pas ça: Toujours pas de programme clair et défini c'est bien dommage .Normalement l'objectif d'un blog est d'exprimer des idées mais en ont ils seulement???l'orgueil et la prétention n'ont jamais fait bon ménage avec la politique.Il faut savoir rester humble et éviter toute forme de médisance....
Ecrit par : Mimi 21.02.2008
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Bonjour aux habitants de Warloy- Baillon ; charmant village ,bienvenue sur la toile et bon courage pour la campagne .Hubert
Ecrit par : hubert 26.02.2008
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Bonjour aux initiateurs de ce site, ainsi qu'aux lecteurs.Ancien habitant de cette commune, je salue cette initiative moderne et désenclavante. Je constate en 1er lieu et avec une certaine aigreur que les commentaires apportés par certains lecteurs, ne laissent pas toujours la place aux échanges et au dialogue constructif. Faute de ne pouvoir donner de conseil, j'espère (démarche complétement désintéressée) voir prochainement sur votre site, de véritables échanges constructifs, entre initiateurs de ce site, administrés et, opposants...ou dissidants, appuyés sur des propositions objectives telles que: le respect de ce qui a été mis en place à bon escient, les projets de réforme et les nouveautés à moyen et long terme.Avec tout le fair-play qu'il sera utile d'user, je souhaite à tous ceux qui s'investissent pour le bien de la majorité des habitants de cette commune, une pleine réussite.CordialementSébastien WOUSSEN
Ecrit par : WOUSSEN 27.02.2008
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Je constate juste, avec stupéfaction, que cet outil précieux sert d'abord à régler des comptes personnels dont j'ignore tout. Alors qu'il devraitparticiper à l'édification d'un vraiprojet de ville. Ne peut-il y avoir un vrai dialogue qui déboucherait sur autre chose que sur les échangesmusclés entre opposants ? Je pensais naïvement en consultant ce site que j'y trouverais des idéesforces, qu'une véritable opposition(elle est nécessaire) s'exprimerait dans le respect du dialogue démocratique. L'on pourra me reprocher de ne pasêtre inscrit sur les listes électoraleset donc peut-être me mêler de ce qui ne me regarde pas ! (L'on pourrait)Je signe mes interventions de mon nom. Nous avons la chance de vivre dans une démocratie (même si certains à tort ou à raison parlentde monarchie élective)Abusons de ce droit fondamentalque beaucoup nous envient. Patrick
Ecrit par : Patrick Lunant 28.02.2008
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Merci de ces commentaires, qui reflètent bien l'interêt de ce blog : Ouverture, dialogue, échanges d'idées, confrontation saine, ...Bref, de l'air frais!Vos interventions sont aussi pour nous signe d'encouragements...N'hésitez pas, on aime!
Ecrit par : C Decayeux 02.03.2008
Aprés lecture du mot du Maire je ne comprends pas pourquoi seulement 12 noms apparaissent sur le tableau de présences aux réunions, alors que les listes des candidats en comportent 15?
Ecrit par : FRED 03.03.2008
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bonjour FredTres bonne remarque. Le conseil municipal de Warloy Baillon comporte 15 conseillers municipaux ( ce qui explique la liste de 15) Le tableau de présence (un peu scolaire à mon gout) nous fait remarquer qu'il manque 3 personnes:Mr Beaumont Alain , Rolkowski serge et Mr Lenglet michel (Qui à démissionné le 14/10/2002)Arnaud Ruin
Ecrit par : arnaud 04.03.2008
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Question aux conseillers sortant :Pourriez-vous confirmer ou infirmer que l'emplacement des dépôts de fumier situé sur la départementale entre Warloy et Vadencourt a été acheté par la municipalité pour le prix de 5000 € ? Cette acquisition serait, paraît-t'il, destinée à entreposer les betteraves de 3 ou 4 agriculteurs, des amis du maire peut-être ??Si c'est effectivement le cas, cela signifierait que l'argent des Warloisiens finance des intérêts privés.Avez-vous obtenu des subventions ou cet emplacement a-t-il été financé par l'argent de la commune ?Les warloysiens sont-ils au courant ?A qui appartenait ce terrain vague et quelle en était sa superficie ? Papi s'éveille
Ecrit par : Papi d'éveille 05.03.2008
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Oui en effet ce terrain est acheté par la commune (voté à la majorité des membres présents le 30/01/2008) pour un montant de 4500 euro, sans aucune subvention. c'est la sucrerie TEREOS qui en était proprietaire. arnaud
Ecrit par : arnaud 05.03.2008
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A noter : je suis co-propriétaire de la sucrerie TEREOS à hauteur de 30 pour 100.Mais cela n'a aucun rapport avec l'affaire évoquée par PAPI S'EVEILLE et je ne vois pas en quoi le rachat du terrain par la commune peut ennuyer certains... Que l'on soit ami du maire ou pas, les affaires sont les affaires.
Raphaël Zacharie de Izarra
Ecrit par : Raphaël Zacharie de Izarra 05.03.2008
Ecrit par : loglys 11.01.2008
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A un mois des elections nous aimerions quand meme connaître votre programme ainsi que votre liste complete afin de nous faire une petite idée sur ce que vous proposer.Sinon a quoi sert ce site ?? a part faire de la délation sur le dos d'autrui
Ecrit par : JULIEN C 02.02.2008
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julien, tout vient à point à qui sait attendre, le programme(à la date de ton message)est défini et est en cours de formalisation.Le poker est à la mode en ce moment, il ne faut pas dévoiler ses cartes trop rapidement!De plus, tu parles de délation et je te retourne la question, pourquoi faire?Personnellement je pense et nous pensons que cela n'a jamais fait avancer les choses.En tout cas, j'ai le plaisir de voir que le blog fonctionne et ne va pas tarder a accueillir d'autres blogeur.Génial!@fabien
Ecrit par : fabien 04.02.2008
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Le poker est un jeux dangereux et parfois quand on ne prend pas la main de suite et que l'on laisse les autres abattre leurs cartes on se rend compte que l'on a manqué une belle main, mais je trouve cela fort interessant ,que de futur prétendant a des elections municipale se permettent de comparer leur campagne a un simple jeux de cartes.cela manque de serieux et de conviction ,pour ma part je pensse que si l'on veut etre les précurseur dans une idées ou un projet il faut se mouiller et annoncer sinon comment voulez vous défendre le fait que ce soit vous qui en ayez eu l'idée en premier je concluerais simplement en rebondissant sur les propos d'un anonymes en disant qu'aparement il n'y a pas que ce blog qui est un peu plein de vide
Ecrit par : JULIEN C 10.02.2008
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Bonjour Julien et merci de participer à ce blog.Tout d'abord,faut il s'avancer sur des sujets à la va-vite ou prendre soins de vous présenter des axes de travail cohérents?Quand à la comparaison avec le poker, cela ne reste que du premier degré il ne faut pas en déduire que la mairie peut être gérée de cette façon.Cependant, a plusieurs reprises j'ai affirmé que celle-ci devait être gérer comme une entreprise.Quand pense tu?De plus, je te rejoint tout à fait sur la volonté d'être des précurseurs dans des idées ou des projets,mais la aussi, faut-il bousculer les us et coutumes de notre commune?Au plaisir de te lire,salutations,Fabien.
Ecrit par : fabien 16.02.2008
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Ma foi une belle liste de bras cassés .On ne sait pas trop où ils vont mais ils y vont, tout droit et ils emmèneront avec eux notre pauvre village qui ne mérite pas ça: Toujours pas de programme clair et défini c'est bien dommage .Normalement l'objectif d'un blog est d'exprimer des idées mais en ont ils seulement???l'orgueil et la prétention n'ont jamais fait bon ménage avec la politique.Il faut savoir rester humble et éviter toute forme de médisance....
Ecrit par : Mimi 21.02.2008
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Bonjour aux habitants de Warloy- Baillon ; charmant village ,bienvenue sur la toile et bon courage pour la campagne .Hubert
Ecrit par : hubert 26.02.2008
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Bonjour aux initiateurs de ce site, ainsi qu'aux lecteurs.Ancien habitant de cette commune, je salue cette initiative moderne et désenclavante. Je constate en 1er lieu et avec une certaine aigreur que les commentaires apportés par certains lecteurs, ne laissent pas toujours la place aux échanges et au dialogue constructif. Faute de ne pouvoir donner de conseil, j'espère (démarche complétement désintéressée) voir prochainement sur votre site, de véritables échanges constructifs, entre initiateurs de ce site, administrés et, opposants...ou dissidants, appuyés sur des propositions objectives telles que: le respect de ce qui a été mis en place à bon escient, les projets de réforme et les nouveautés à moyen et long terme.Avec tout le fair-play qu'il sera utile d'user, je souhaite à tous ceux qui s'investissent pour le bien de la majorité des habitants de cette commune, une pleine réussite.CordialementSébastien WOUSSEN
Ecrit par : WOUSSEN 27.02.2008
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Je constate juste, avec stupéfaction, que cet outil précieux sert d'abord à régler des comptes personnels dont j'ignore tout. Alors qu'il devraitparticiper à l'édification d'un vraiprojet de ville. Ne peut-il y avoir un vrai dialogue qui déboucherait sur autre chose que sur les échangesmusclés entre opposants ? Je pensais naïvement en consultant ce site que j'y trouverais des idéesforces, qu'une véritable opposition(elle est nécessaire) s'exprimerait dans le respect du dialogue démocratique. L'on pourra me reprocher de ne pasêtre inscrit sur les listes électoraleset donc peut-être me mêler de ce qui ne me regarde pas ! (L'on pourrait)Je signe mes interventions de mon nom. Nous avons la chance de vivre dans une démocratie (même si certains à tort ou à raison parlentde monarchie élective)Abusons de ce droit fondamentalque beaucoup nous envient. Patrick
Ecrit par : Patrick Lunant 28.02.2008
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Merci de ces commentaires, qui reflètent bien l'interêt de ce blog : Ouverture, dialogue, échanges d'idées, confrontation saine, ...Bref, de l'air frais!Vos interventions sont aussi pour nous signe d'encouragements...N'hésitez pas, on aime!
Ecrit par : C Decayeux 02.03.2008
Aprés lecture du mot du Maire je ne comprends pas pourquoi seulement 12 noms apparaissent sur le tableau de présences aux réunions, alors que les listes des candidats en comportent 15?
Ecrit par : FRED 03.03.2008
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bonjour FredTres bonne remarque. Le conseil municipal de Warloy Baillon comporte 15 conseillers municipaux ( ce qui explique la liste de 15) Le tableau de présence (un peu scolaire à mon gout) nous fait remarquer qu'il manque 3 personnes:Mr Beaumont Alain , Rolkowski serge et Mr Lenglet michel (Qui à démissionné le 14/10/2002)Arnaud Ruin
Ecrit par : arnaud 04.03.2008
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Question aux conseillers sortant :Pourriez-vous confirmer ou infirmer que l'emplacement des dépôts de fumier situé sur la départementale entre Warloy et Vadencourt a été acheté par la municipalité pour le prix de 5000 € ? Cette acquisition serait, paraît-t'il, destinée à entreposer les betteraves de 3 ou 4 agriculteurs, des amis du maire peut-être ??Si c'est effectivement le cas, cela signifierait que l'argent des Warloisiens finance des intérêts privés.Avez-vous obtenu des subventions ou cet emplacement a-t-il été financé par l'argent de la commune ?Les warloysiens sont-ils au courant ?A qui appartenait ce terrain vague et quelle en était sa superficie ? Papi s'éveille
Ecrit par : Papi d'éveille 05.03.2008
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Oui en effet ce terrain est acheté par la commune (voté à la majorité des membres présents le 30/01/2008) pour un montant de 4500 euro, sans aucune subvention. c'est la sucrerie TEREOS qui en était proprietaire. arnaud
Ecrit par : arnaud 05.03.2008
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A noter : je suis co-propriétaire de la sucrerie TEREOS à hauteur de 30 pour 100.Mais cela n'a aucun rapport avec l'affaire évoquée par PAPI S'EVEILLE et je ne vois pas en quoi le rachat du terrain par la commune peut ennuyer certains... Que l'on soit ami du maire ou pas, les affaires sont les affaires.
Raphaël Zacharie de Izarra
Ecrit par : Raphaël Zacharie de Izarra 05.03.2008
15 - Quel programme électoral pour Warloy-Baillon ?
DÉBAT ENTRE WARLOYSIENS
A un mois des elections nous aimerions quand meme connaître votre programme ainsi que votre liste complete afin de nous faire une petite idée sur ce que vous proposer.Sinon a quoi sert ce site ?? a part faire de la délation sur le dos d'autrui
Ecrit par : JULIEN C 02.02.2008
commentaires
julien, tout vient à point à qui sait attendre, le programme(à la date de ton message)est défini et est en cours de formalisation.Le poker est à la mode en ce moment, il ne faut pas dévoiler ses cartes trop rapidement!De plus, tu parles de délation et je te retourne la question, pourquoi faire?Personnellement je pense et nous pensons que cela n'a jamais fait avancer les choses.En tout cas, j'ai le plaisir de voir que le blog fonctionne et ne va pas tarder a accueillir d'autres blogeur.Génial!@fabien
Ecrit par : fabien 04.02.2008
Le poker est un jeux dangereux et parfois quand on ne prend pas la main de suite et que l'on laisse les autres abattre leurs cartes on se rend compte que l'on a manqué une belle main, mais je trouve cela fort interessant ,que de futur prétendant a des elections municipale se permettent de comparer leur campagne a un simple jeux de cartes.cela manque de serieux et de conviction ,pour ma part je pensse que si l'on veut etre les précurseur dans une idées ou un projet il faut se mouiller et annoncer sinon comment voulez vous défendre le fait que ce soit vous qui en ayez eu l'idée en premier je concluerais simplement en rebondissant sur les propos d'un anonymes en disant qu'aparement il n'y a pas que ce blog qui est un peu plein de vide
Ecrit par : JULIEN C 10.02.2008
Bonjour Julien et merci de participer à ce blog.Tout d'abord,faut il s'avancer sur des sujets à la va-vite ou prendre soins de vous présenter des axes de travail cohérents?Quand à la comparaison avec le poker, cela ne reste que du premier degré il ne faut pas en déduire que la mairie peut être gérée de cette façon.Cependant, a plusieurs reprises j'ai affirmé que celle-ci devait être gérer comme une entreprise.Quand pense tu?De plus, je te rejoint tout à fait sur la volonté d'être des précurseurs dans des idées ou des projets,mais la aussi, faut-il bousculer les us et coutumes de notre commune?Au plaisir de te lire,salutations,Fabien.
Ecrit par : fabien 16.02.2008
Ma foi une belle liste de bras cassés .On ne sait pas trop où ils vont mais ils y vont, tout droit et ils emmèneront avec eux notre pauvre village qui ne mérite pas ça: Toujours pas de programme clair et défini c'est bien dommage .Normalement l'objectif d'un blog est d'exprimer des idées mais en ont ils seulement???l'orgueil et la prétention n'ont jamais fait bon ménage avec la politique.Il faut savoir rester humble et éviter toute forme de médisance....
Ecrit par : Mimi 21.02.2008
Bonjour aux habitants de Warloy- Baillon ; charmant village ,bienvenue sur la toile et bon courage pour la campagne .Hubert
Ecrit par : hubert 26.02.2008
Bonjour aux initiateurs de ce site, ainsi qu'aux lecteurs.Ancien habitant de cette commune, je salue cette initiative moderne et désenclavante. Je constate en 1er lieu et avec une certaine aigreur que les commentaires apportés par certains lecteurs, ne laissent pas toujours la place aux échanges et au dialogue constructif. Faute de ne pouvoir donner de conseil, j'espère (démarche complétement désintéressée) voir prochainement sur votre site, de véritables échanges constructifs, entre initiateurs de ce site, administrés et, opposants...ou dissidants, appuyés sur des propositions objectives telles que: le respect de ce qui a été mis en place à bon escient, les projets de réforme et les nouveautés à moyen et long terme.Avec tout le fair-play qu'il sera utile d'user, je souhaite à tous ceux qui s'investissent pour le bien de la majorité des habitants de cette commune, une pleine réussite.
CordialementSébastien WOUSSEN
Ecrit par : WOUSSEN 27.02.2008
Je constate juste, avec stupéfaction, que cet outil précieux sert d'abord à régler des comptes personnels dont j'ignore tout. Alors qu'il devraitparticiper à l'édification d'un vraiprojet de ville. Ne peut-il y avoir un vrai dialogue qui déboucherait sur autre chose que sur les échangesmusclés entre opposants ? Je pensais naïvement en consultant ce site que j'y trouverais des idéesforces, qu'une véritable opposition(elle est nécessaire) s'exprimerait dans le respect du dialogue démocratique. L'on pourra me reprocher de ne pasêtre inscrit sur les listes électoraleset donc peut-être me mêler de ce qui ne me regarde pas ! (L'on pourrait)Je signe mes interventions de mon nom. Nous avons la chance de vivre dans une démocratie (même si certains à tort ou à raison parlentde monarchie élective)Abusons de ce droit fondamentalque beaucoup nous envient. Patrick
Ecrit par : Patrick Lunant 28.02.2008
Merci de ces commentaires, qui reflètent bien l'interêt de ce blog : Ouverture, dialogue, échanges d'idées, confrontation saine, ...Bref, de l'air frais!Vos interventions sont aussi pour nous signe d'encouragements...N'hésitez pas, on aime!
Ecrit par : C Decayeux 02.03.2008
Aprés lecture du mot du Maire je ne comprends pas pourquoi seulement 12 noms apparaissent sur le tableau de présences aux réunions, alors que les listes des candidats en comportent 15?
Ecrit par : FRED 03.03.2008
bonjour Fred
Tres bonne remarque. Le conseil municipal de Warloy Baillon comporte 15 conseillers municipaux ( ce qui explique la liste de 15) Le tableau de présence (un peu scolaire à mon gout) nous fait remarquer qu'il manque 3 personnes:Mr Beaumont Alain , Rolkowski serge et Mr Lenglet michel (Qui à démissionné le 14/10/2002)Arnaud Ruin
Ecrit par : arnaud 04.03.2008
Question aux conseillers sortant :Pourriez-vous confirmer ou infirmer que l'emplacement des dépôts de fumier situé sur la départementale entre Warloy et Vadencourt a été acheté par la municipalité pour le prix de 5000 € ? Cette acquisition serait, paraît-t'il, destinée à entreposer les betteraves de 3 ou 4 agriculteurs, des amis du maire peut-être ??Si c'est effectivement le cas, cela signifierait que l'argent des Warloisiens finance des intérêts privés.Avez-vous obtenu des subventions ou cet emplacement a-t-il été financé par l'argent de la commune ?Les warloysiens sont-ils au courant ?A qui appartenait ce terrain vague et quelle en était sa superficie ? Papi s'éveille
Ecrit par : Papi d'éveille 05.03.2008
Oui en effet ce terrain est acheté par la commune (voté à la majorité des membres présents le 30/01/2008) pour un montant de 4500 euro, sans aucune subvention. c'est la sucrerie TEREOS qui en était proprietaire. arnaud
Ecrit par : arnaud 05.03.2008
A noter : je suis co-propriétaire de la sucrerie TEREOS à hauteur de 30 pour 100.Mais cela n'a aucun rapport avec l'affaire évoquée par PAPI S'EVEILLE et je ne vois pas en quoi le rachat du terrain par la commune peut ennuyer certains... Que l'on soit ami du maire ou pas, les affaires sont les affaires.
Raphaël Zacharie de Izarra
Ecrit par : Raphaël Zacharie de Izarra 05.03.2008
Une perle dans ce texte relevé sur :
http://warloybaillon.hautetfort.com/archive/2008/02/06/carole-therasse.html
Warloy-Baillon en effervescence électorale ou "du rififi à Cloche-Merle" !
Maupassant n'est pas loin.
Raphaël Zacharie de Izarra
Ecrit par : Raphaël Zacharie de Izarra 06.03.2008
Ecrit par : JULIEN C 02.02.2008
commentaires
julien, tout vient à point à qui sait attendre, le programme(à la date de ton message)est défini et est en cours de formalisation.Le poker est à la mode en ce moment, il ne faut pas dévoiler ses cartes trop rapidement!De plus, tu parles de délation et je te retourne la question, pourquoi faire?Personnellement je pense et nous pensons que cela n'a jamais fait avancer les choses.En tout cas, j'ai le plaisir de voir que le blog fonctionne et ne va pas tarder a accueillir d'autres blogeur.Génial!@fabien
Ecrit par : fabien 04.02.2008
Le poker est un jeux dangereux et parfois quand on ne prend pas la main de suite et que l'on laisse les autres abattre leurs cartes on se rend compte que l'on a manqué une belle main, mais je trouve cela fort interessant ,que de futur prétendant a des elections municipale se permettent de comparer leur campagne a un simple jeux de cartes.cela manque de serieux et de conviction ,pour ma part je pensse que si l'on veut etre les précurseur dans une idées ou un projet il faut se mouiller et annoncer sinon comment voulez vous défendre le fait que ce soit vous qui en ayez eu l'idée en premier je concluerais simplement en rebondissant sur les propos d'un anonymes en disant qu'aparement il n'y a pas que ce blog qui est un peu plein de vide
Ecrit par : JULIEN C 10.02.2008
Bonjour Julien et merci de participer à ce blog.Tout d'abord,faut il s'avancer sur des sujets à la va-vite ou prendre soins de vous présenter des axes de travail cohérents?Quand à la comparaison avec le poker, cela ne reste que du premier degré il ne faut pas en déduire que la mairie peut être gérée de cette façon.Cependant, a plusieurs reprises j'ai affirmé que celle-ci devait être gérer comme une entreprise.Quand pense tu?De plus, je te rejoint tout à fait sur la volonté d'être des précurseurs dans des idées ou des projets,mais la aussi, faut-il bousculer les us et coutumes de notre commune?Au plaisir de te lire,salutations,Fabien.
Ecrit par : fabien 16.02.2008
Ma foi une belle liste de bras cassés .On ne sait pas trop où ils vont mais ils y vont, tout droit et ils emmèneront avec eux notre pauvre village qui ne mérite pas ça: Toujours pas de programme clair et défini c'est bien dommage .Normalement l'objectif d'un blog est d'exprimer des idées mais en ont ils seulement???l'orgueil et la prétention n'ont jamais fait bon ménage avec la politique.Il faut savoir rester humble et éviter toute forme de médisance....
Ecrit par : Mimi 21.02.2008
Bonjour aux habitants de Warloy- Baillon ; charmant village ,bienvenue sur la toile et bon courage pour la campagne .Hubert
Ecrit par : hubert 26.02.2008
Bonjour aux initiateurs de ce site, ainsi qu'aux lecteurs.Ancien habitant de cette commune, je salue cette initiative moderne et désenclavante. Je constate en 1er lieu et avec une certaine aigreur que les commentaires apportés par certains lecteurs, ne laissent pas toujours la place aux échanges et au dialogue constructif. Faute de ne pouvoir donner de conseil, j'espère (démarche complétement désintéressée) voir prochainement sur votre site, de véritables échanges constructifs, entre initiateurs de ce site, administrés et, opposants...ou dissidants, appuyés sur des propositions objectives telles que: le respect de ce qui a été mis en place à bon escient, les projets de réforme et les nouveautés à moyen et long terme.Avec tout le fair-play qu'il sera utile d'user, je souhaite à tous ceux qui s'investissent pour le bien de la majorité des habitants de cette commune, une pleine réussite.
CordialementSébastien WOUSSEN
Ecrit par : WOUSSEN 27.02.2008
Je constate juste, avec stupéfaction, que cet outil précieux sert d'abord à régler des comptes personnels dont j'ignore tout. Alors qu'il devraitparticiper à l'édification d'un vraiprojet de ville. Ne peut-il y avoir un vrai dialogue qui déboucherait sur autre chose que sur les échangesmusclés entre opposants ? Je pensais naïvement en consultant ce site que j'y trouverais des idéesforces, qu'une véritable opposition(elle est nécessaire) s'exprimerait dans le respect du dialogue démocratique. L'on pourra me reprocher de ne pasêtre inscrit sur les listes électoraleset donc peut-être me mêler de ce qui ne me regarde pas ! (L'on pourrait)Je signe mes interventions de mon nom. Nous avons la chance de vivre dans une démocratie (même si certains à tort ou à raison parlentde monarchie élective)Abusons de ce droit fondamentalque beaucoup nous envient. Patrick
Ecrit par : Patrick Lunant 28.02.2008
Merci de ces commentaires, qui reflètent bien l'interêt de ce blog : Ouverture, dialogue, échanges d'idées, confrontation saine, ...Bref, de l'air frais!Vos interventions sont aussi pour nous signe d'encouragements...N'hésitez pas, on aime!
Ecrit par : C Decayeux 02.03.2008
Aprés lecture du mot du Maire je ne comprends pas pourquoi seulement 12 noms apparaissent sur le tableau de présences aux réunions, alors que les listes des candidats en comportent 15?
Ecrit par : FRED 03.03.2008
bonjour Fred
Tres bonne remarque. Le conseil municipal de Warloy Baillon comporte 15 conseillers municipaux ( ce qui explique la liste de 15) Le tableau de présence (un peu scolaire à mon gout) nous fait remarquer qu'il manque 3 personnes:Mr Beaumont Alain , Rolkowski serge et Mr Lenglet michel (Qui à démissionné le 14/10/2002)Arnaud Ruin
Ecrit par : arnaud 04.03.2008
Question aux conseillers sortant :Pourriez-vous confirmer ou infirmer que l'emplacement des dépôts de fumier situé sur la départementale entre Warloy et Vadencourt a été acheté par la municipalité pour le prix de 5000 € ? Cette acquisition serait, paraît-t'il, destinée à entreposer les betteraves de 3 ou 4 agriculteurs, des amis du maire peut-être ??Si c'est effectivement le cas, cela signifierait que l'argent des Warloisiens finance des intérêts privés.Avez-vous obtenu des subventions ou cet emplacement a-t-il été financé par l'argent de la commune ?Les warloysiens sont-ils au courant ?A qui appartenait ce terrain vague et quelle en était sa superficie ? Papi s'éveille
Ecrit par : Papi d'éveille 05.03.2008
Oui en effet ce terrain est acheté par la commune (voté à la majorité des membres présents le 30/01/2008) pour un montant de 4500 euro, sans aucune subvention. c'est la sucrerie TEREOS qui en était proprietaire. arnaud
Ecrit par : arnaud 05.03.2008
A noter : je suis co-propriétaire de la sucrerie TEREOS à hauteur de 30 pour 100.Mais cela n'a aucun rapport avec l'affaire évoquée par PAPI S'EVEILLE et je ne vois pas en quoi le rachat du terrain par la commune peut ennuyer certains... Que l'on soit ami du maire ou pas, les affaires sont les affaires.
Raphaël Zacharie de Izarra
Ecrit par : Raphaël Zacharie de Izarra 05.03.2008
Une perle dans ce texte relevé sur :
http://warloybaillon.hautetfort.com/archive/2008/02/06/carole-therasse.html
Warloy-Baillon en effervescence électorale ou "du rififi à Cloche-Merle" !
Maupassant n'est pas loin.
Raphaël Zacharie de Izarra
Ecrit par : Raphaël Zacharie de Izarra 06.03.2008
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